xiiie siècles



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Loin dans le temps et l’espace, mais
MODERNITÉ ET PROXIMITÉ

DU BOUDDHISME DES MOINES LETTRÉS VIETNAMIENS

sous les premières dynasties (Xe – XIIIe siècles)

par Philippe LANGLET

Le mélange d’angoisse et d’admiration devant le mystère du monde a été vécu dans toutes les civilisations. Ce n’est pas qu’un souci d’intellectuels dans une sagesse plutôt aristocratique, c’est aussi l’instinctif « mais pourquoi ? » de n’importe qui dans le malheur. On a tenté de l’apaiser dans les religions, mais aussi par de simples réflexions de sagesse universelle pour approcher le mystère du monde et y situer nos existences.


La question a été bien posée en France par une ‘pensée’ de Pascal en 1670 :

Que l’homme contemple la nature entière dans sa haute majesté ; qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent. Qu’il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers, que la terre lui paraisse comme un point, au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu’il s’étonne de ce que ce vaste tour n’est qu’une pointe très délicate à l’égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s’arrête là, [et] que l’imagination passe outre ; elle se lassera plus tôt de concevoir, que la nature de fournir […]

Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? […] Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable ; également incapable de voir le néant dont il est tiré, et l’infini où il est englouti.

Que fera-t-il donc, sinon d’apercevoir quelqu’apparence du milieu des choses, dans un désespoir éternel de connaître ni leur principe ni leur fin ? 
Et tout récemment, en 1991, selon le dernier Cathéchisme de l’Église catholique

(n° 34, 35, 42) Giáo Lý Hội Thánh Công Giáo (1997) :



1. « Le monde et l’homme attestent qu’ils n’ont en eux-mêmes ni leur principe premier ni leur fin ultime, mais participent à l’être en soi », et « Dieu transcende toute créature, il faut donc sans cesse purifier notre langage de ce qu’il a de limité, d’imagé, d’imparfait, pour ne pas confondre le Dieu ‘ineffable, incompréhensible, invisible, insaissable’ avec nos représentations humaines ».

* « Thế giới và con người minh chứng rằng chúng không phải là nguyên lý tiên khởi và cứu cánh tối hậu của chính mình, nhưng tham dự vào Đấng là Hữu Thể Tự Tại, vô thủy vô chung » …  (p. 38) ; và : «  Thiên Chúa trổi vượt mọi thụ tạo. Vậy cần phải không ngừng luyện lọc ngôn ngữ chúng ta, cho bớt đi những gì hạn hẹp, tượng hình, và chưa hoàn hảo, để khỏi lẫn lộn Đức Chúa ‘khôn tả xiết, khôn dò thấu, vô hình, vô phương nắm giữ , với những gì con người hình dung được. Lời nói của nhân loại vẫn luôn thiếu sót, không diễn tả hết mầu niệm của Thiên Chúa »  (p. 41)
Dans la civilisation chrétienne, l’inquiétude du mystère a été apaisée par la foi, à la manière d’une piété filiale :

 Toutes choses sont sorties du néant et portées jusqu’à l’infini. Qui suivra ces étonnantes démarches ? L’auteur de ces merveilles les comprend, tout autre ne peut le faire, continuait Pascal.



Les facultés de l’homme le rendent capable de connaître l’existence d’un Dieu personnel 

* Nhờ những năng lực của mình, con người có thể nhận biết sự hiện hữu của một Thiên Chúa hữu ngã (p. 39), dit le catéchisme, au risque finalement de se contenter de l’image d’un homme parfait.
Mais dans les enseignements des moines bouddhistes, une sagesse apparaît, différente sans être vraiment contraire, et souvent bien proche de certaines de nos manières de penser les plus ordinaires et modernes. J’ai pu méditer particulièrement ceux des anciens Vietnamiens lettrés bouddhistes principalement sous la dynastie des Lý, première grande organisatrice de l’État national émancipé administrativement de l’empire chinois depuis le Xe siècle, tout en continuant de participer à sa civilisation.

L’histoire déjà millénaire du bouddhisme au Việt Nam (Giao Chỉ, Annam) mériterait spécialement un long exposé, fondé sur des recherches que je n’ai pas terminées, mais elle est déjà connaissable par des ouvrages vietnamiens. J’en resterai donc ici aujourd’hui au temps de la dynastie des Lý (1010-1225), bien qu’on ait l’habitude d’en traiter avec la suivante, celle des Trần (1225-1400). Bien des changements se sont déjà produits pendant ces 3 siècles. Ce fut au début, de la reconquête de l’indépendance (939) jusqu’à la fin du XIIe siècle, que les moines lettrés bouddhistes eurent la plus grande importance historique, bien qu’on pense plutôt habituellement à l’ordre monastique impérial de la Forêt de Bambous (Trúc Lâm) postérieur d’un siècle.

C’est que de la plus ancienne littérature vietnamienne, en langue savante c’est à dire en chinois classique, il reste plusieurs ouvrages hagiographiques. Le plus important est l’Anthologie du Jardin des Méditations 禪苑集英 (Thiền Uyển Tập Anh), au moins ébauchée dès la fin du XIe siècle, et dont l’achèvement en 1337 nous a été transmis par des rééditions en 1715 (avec quelques retouches) puis en 1858. Ce n’est pas un rituel, ni principalement un recueil littéraire, mais plutôt un livre de biographies édifiantes, avec des textes de 67 moines et de quelques disciples depuis le VIe siècle, et surtout du XIe à la fin des Lý en 1225. Nous pouvons donc tâcher prudemment d’y saisir l’essentiel de leur pensée.

Ce peuvent être des extraits de dialogues, ce sont plus généralement des stances (kệ), résumant des enseignements donnés vraisemblablement en vietnamien, mais écrits en chinois, souvent comme un testament spirituel. C’était une vieille habitude des lettrés, adoptée dans la vie monastique. Grâce à l’extrême concision de la langue classique et grâce à la forme poétique, l’essentiel pouvait être plus facilement retenu et médité jusqu’à une assimilation profonde par imprégnation, à peine consciente. Le sens n’en est pas toujours évident à la première lecture. Pour atteindre l’Éveil, des propositions énigmatiques sans suites logiques (công án) pouvaient même aider à bloquer le raisonnement, et permettre de se détacher du monde des enchaînements habituels. Mais des images pittoresques aidaient souvent l’auditeur.

Avec mon épouse Quách Thanh Tâm et l’artiste Dominique de Miscault, nous nous y étions intéressés depuis longtemps. Une première exposition avait été faite en 1997 au musée des Beaux Arts de Hà Nội par Dominique, présentant des compositions graphiques, avec des fragments de poésies en surimpression. Mais les poésies complètes, surtout en textes originaux et traductions auraient trop chargé l’espace, c’est pourquoi nous avons finalement donné les images en pleines pages.

Après le décès de Thanh Tâm en 2003, j’ai longuement médité plusieurs dizaines de ces textes en les traduisant soigneusement caractère par caractère, chacun de ceux-ci étant bien plus qu’un mot, parfois doué d’un sens ambigu : ordinaire, et spécialement bouddhiste. En même temps, je me suis souvenu d’observations concordantes dans la civilisation occidentale fortement influencée par le judaïsme et par le christianisme. En cherchant des ressemblances, je reconnais avoir pris des expressions intéressantes parfois détachées de leurs contextes : c’est parce que je me souciais d’une observation de ponts de compréhension mutuelle, et non pas d’une comparaison systématique.

Avec Dominique de Miscault, nous avons donc continué le projet et publié :

Un livre des moines bouddhistes dans le Việt Nam d’autrefois. L’École de l’Esprit (Tâm Tông) aux X-XIIe siècles. (56 stances ou extraits de dialogues, soit à peu près la moitié des textes, traduits du Thiền uyển tập anh : rédactions originales en chinois, traductions françaises, puis vietnamiennes par les lettrés de l’Institut de Littérature à Hà Nội qui nous ont permis de les reproduire. Ces textes sont accompagnés d’autant d’expressions graphiques, puis de notices sur les auteurs en fin d’ouvrage. Quelques textes de la même époque ont été trouvés dans d’autres documents, notamment grâce aux choix de l’ouvrage récent Thơ văn Lý Trần, qui a été notre base de travail au début.

Naturellement, les expressions finales en français, et même en vietnamien, présentent des adaptations parfois discutables, du sens des caractères chinois millénaires ordonnés en vers de 5 à 7 pieds. Certaines allusions ou même citations danciennes poésies chinoises isolées de leurs contextes peuvent même avoir un sens général, sans rapport direct avec leurs origines. Il est possible que les traductions vietnamiennes donnent une idée légèrement différente de ma compréhension.

L’idéal aurait peut-être été de traduire en vers octosyllabiques, mais la marge d’adaptation en aurait été encore élargie. Par exemple, la recherche d’une expression simple se heurte à la différence des conceptions entre nos civilisations. Ce peut être très important, comme le choix inévitable pour traduire les caractères 身 thân (le corps ou la personne), 心 tâm (le cœur ou l’esprit), 空 không (le vide ou le mystère éternel ?), 無  (néant ou latent ?), 神 thần (esprit, dieu, génie, âme ?)

Quant aux compositions graphiques en pleines pages à côté de chaque texte, le regard doit pouvoir y circuler, trouver facilement quelque détail habituel dans notre existence, immédiatement identifiable, mais généralement sans permettre de reconstruire avec certitude un ensemble raisonnable. Elles ne sont donc pas vraiment des illustrations des textes, mais plutôt une autre voie vers la sagesse, une manière de sentir, sans besoin de traduction, cherchant l’intuition de l’ineffable après blocage de la compréhension habituelle, tout en gardant une correspondance avec la réalité apparente comme point de départ. Elles ne sont pas toujours vietnamiennes, car nous avons voulu faire sentir un caractère de sagesse universelle ; et l’ouvrage était fait d’abord pour les lecteurs occidentaux. Plus que par les textes, la perception n’en est pas nécessairement la même par un lecteur ou par un autre. L’austérité du noir et blanc augmente le détachement des charmes trompeurs de la vie habituelle.


Je vais exposer la conception de la sagesse à caractère religieux, que j’ai trouvée dans la méditation de ces textes.

En parlant de proximité et de modernité de l’ancienne sagesse vietnamienne (sino-vietnamienne), je craindrais un caractère trop personnel de mes interprétations. C’est pourquoi je vais les accompagner par des extraits des textes qui m’ont encouragé à les exprimer. Et je pourrai montrer des points d’accord avec la civilisation chrétienne, notamment mais non seulement dans la Bible, dont surtout le Nouveau Testament.

Dans chaque citation, sauf exception, j’ai d’abord donné le nom de l’auteur, puis la date de son décès, et le numéro du texte dans le Livre des moines … Les noms des traducteurs, principalement dans l’ouvrage Thơ văn Lý Trần, avec les références aux pages de cet ouvrage, sont en fins de citations. Chacune est numérotée pour faciliter le retour et donc éviter des répétitions

Résignation à la souffrance maîtrisée


Comme tous les sages, fils d’ouvrier comme Jésus, fils de prince comme Gautama Sakyamuni l’Éveillé (Bouddha), les maîtres du bouddhisme chinois et vietnamiens dont la plupart appartenaient à la société dirigeante, tous ont constaté l’inévitable souffrance malgré les progrès de la morale et de la science : lutte impitoyable pour la vie, égoïsme individuel, brutalité aveugle de la nature, impermanence du bonheur de la personne consciente qui rêve d’un monde stabilisé dans l’harmonie. Ils ont observé qu’on n’échapperait pas à la maladie, à la douleur, à la vieillesse ni à la mort.
2. Ainsi disait la princesse Lý Ngọc Kiều (-1113)  seule femme nonne (Diệu Nhân) 妙因) connue parmi ces maîtres bouddhistes (texte 34)

Naissance, vieillesse, maladie et mort, c’est ainsi depuis toujours.

On veut s’en libérer, mais en dénouant les liens, on les resserre davantage.

Les dévôts prient Bouddha, les inquiets cherchent dans l’intuition [l’extase](thiền).

Ne cherchez ni en Bouddha ni dans l’intuition, serrez les lèvres, ne dites rien.

* Sinh lão bệnh tử

Lẽ thường tự nhiên.

Muốn cầu siêu thoát,

Càng trói buộc thêm.

Mê phải cầu Phật

Hoặc phải cầu Thiền,

Chẳng cầu Thiền, Phật,

Mím miệng ngồi yên.

Nguyễn Đức Vân và Đào Phương Bình dịch, p. 340


Mais à côté d’une telle résignation acquise par la maîtrise des sensations et de l’entendement, ils ont cherché une voie, au moins pour nous libérer de la dramatisation mentale, de l’angoisse résultant de notre perception du monde.

Il est facile d’observer que la personne consciente est capable de comprendre ce qu’elle perçoit et ce qu’elle peut vérifier, or son développement exceptionnel lui donne la prétention d’appliquer son entendement à la compréhension de l’ensemble du monde, au delà de ses perceptions ! De là vient l’angoisse douloureuse du « pourquoi ? », et de l’ « au-delà » sans réponse. Pour éviter le désespoir, il faut donc se résigner à ne connaître de mieux en mieux que le « comment ?», et acquérir ainsi une sérénité libératrice.
3. Giác Hải (1127), texte 11

Si vous vous interrogez pour comprendre le monde du Bouddha,

Vous vous retrouverez seulement avec un point noir sur le front

* Ví như cõi Phật hoài công hỏi,

Cá vượt Long Môn bị điểm đầu.

[comme les plus nombreux candidats qui avaient échoué aux anciens concours].

Nguyễn Huệ Chi và Trần thị Băng Thanh dịch, p. 444


Nous venons de voir que l’Occident chrétien a trouvé un apaisement par la foi en un Dieu conçu comme tout puissant, justicier et compatissant, sur le modèle paternel [donc personnel ?], avec récompense ou punition dans un autre monde ultérieur [ou parallèlle]. Il a conçu la responsabilité fautive de l’humanité par la perte de la communion dans le mystère de l’unité [le paradis terrestre ?], par la prétention de la raison à connaître l’au delà [image de la consommation du fruit de l’arbre de la connaissance, que Dieu avait interdite]. La notion de péché risquait donc d’être de la plus grande importance.
ci-dessus : angoisse et apaisement de Pascal par la foi (1623-1662) sur Les deux infinis
4. Voir la Bible, tradition mythique juive adoptée comme histoire sainte par le christianisme

Texte dans le mythe de la Genèse (2/ 15-17) :  Yaweh [celui qui est] [Dieu] prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Eden pour le cultiver et pour le garder. Et Yaweh Dieu donna à l’homme cet ordre : ‘Tu peux manger [des fruits] de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas [des fruits] de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement 

* Khởi nguyên (2 / 15-17) : Yavê Thiên Chúa đã đem người đặt trong vườn Eđen để nó canh tác và giữ vườn. Và Yavê Thiên Chúa đã truyền dạy người rằng : mọi cây trong vườn, nguơi đều được ăn. Nhưng cây ‘sư biết tốt xấu’ người không được ăn, vì chưng ngày nào ngươi ăn nó, tất ngươi sẽ chết.
5. Catéchisme Catholique, art. 397, 400 (p. 154-155) : 397 (p. 105-106) :  L’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu : il a fait choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien […]. Enfin, la conséquence explicitement annoncée pour le cas de la désobéissance se réalisera : l’homme retournera à la poussière dont il est formé. La [peur de la] mort fait son entrée dans l’histoire de l’humanité 

* Giáo lý Hội Thánh Công Giáo (§ 398, 400 p. 154-155) : … con người đã chọn chính mình thay vì Thiên Chúa và do đó đã khinh mạn Thiên Chúa : Con người đã chọn mình bất chấp Thiên Chúa, bất chấp cả điều tốt lành cho bản thân […]… Cuối cùng, hậu quả đã được báo trước rõ ràng cho tội bất tuân, nay thành hiện thực : ‘con người là tro bụi sẽ trở về bụi tro’. Sư chết đã xâm nhập vào lịch sử nhân loại » [Je préfèrerais : l’angoisse de la mort]
Seulement ce ‘péché originel’ peut être racheté par le baptême (rửa tội) depuis la « Nouvelle Alliance, Tân ước » (par l’incarnation divine)
En Asie orientale dont au Việt Nam, les lettrés maîtres du bouddhisme ont observé aussi la prétention de la personne consciente à comprendre une logique du monde comme celle qu’elle croit pouvoir constater dans le monde. Mais il me semble qu’ils n’y ont pas vu un péché originel, une faute commise par l’espèce humaine. Ils y ont vu plutôt un défaut originel, résultat encore incompréhensible de l’histoire : l’apparition et le développement toujours plus rapide d’une conscience de la conscience, d’une connaissance de la connaissance, d’une sorte d’emballement du sens de l’entendement, depuis peu de temps par rapport à la très longue durée du monde. C’est sans doute cela qui nous distingue des autres espèces animales, et qui nous donne l’idée fausse d’une supériorité fondamentale.

Il me semble que cette humilité est bien un modernisme, dont l’expression morale par ailleurs n’exclut aucunement la conscience des responsabilités, exclut au contraire tout fatalisme, chacun ayant à construire sa propre personnalité. C'est-à-dire que nous n’aurions pas encore compris ce qui nous est arrivé. Nous ne sommes pas encore assez sages pour évaluer les véritables capacités de notre 6e sens qu’est l’entendement. Nous pensons naturelle et légitime notre prétention à consolider notre existence individuelle, alors qu’elle est illusoire et impermanente, et que nous y attacher est une fausse route du bonheur. C’est cette ignorance qui est la cause principale de la grande souffrance, qui nous fait sentir l’enchaînement fatal d’une cause à une autre (karma, nghiệp), inhérent à notre nature existentielle, et qui nous pousse toujours en avant d’un état à un autre sans que nous puissions envisager le repos dans l’absolu, ou ‘trouver une demeure’, comme disaient les moines.


6. Thông Biện (en 1096),  texte 1

Bouddha signifie l’éveil dans le calme et l’éternité. Tous les vivants (hữu sinh) en ont le principe, mais étant complètement enfermés dans l’effet des sensations et des perceptions, ils errent de renaissance en renaissance

* … Phật nghĩa là giác ngộ, và sự giác ngộ đó xưa nay vắng lặng thường trú. Hết thảy hàm sinh, đều cùng một nguyên lý đấy. Nhưng bởi bụi lòng che khuất, theo nghiệp nổi trôi, mà chuyển nên các cõi.

Lê Mạnh Thất dịch, p. 202


7. Viên Học (1136) pour l’inauguration d’une cloche (texte 28)

Les 6 perceptions [les sens et l’entendement] sont obscures, c’est la nuit et la souffrance

Dans le manque de lumière, l’égarement et la paresse se sont établis depuis longtemps

Mais jour et nuit on entendra la cloche de l’éveil

La personnalité subtile (thần) pourra se purifier et acquérir des pouvoirs surnaturels

* Sáu căn ám ảnh, khổ đêm dài,

Tăm tối sinh ra biếng nhác hoài.

Hôm sớm nghe chuông hồn tỉnh thức,

Thần thông được gặp, hết thần lười.

Ngô Tất Tố dịch, p. 449


Lamartine (Le lac , Méditations, en 1820) :



Ainsi toujours poussés sur l’océan des âges,

Ne pourrons nous un jour jeter l’ancre un seul jour ?
La sérénité est donc à chercher dans une prise de conscience de la valeur relative de notre entendement et de notre personne, et dans le repos par une autre voie : un certain détachement et une intuition de la vraie nature, c’est à dire de l’impermanence. Il faut concevoir, sentir profondément plus que comprendre, la vie en même temps comme prospérité et déclin, naissance et mort, hors d’une chronologie. Cela nécessite un certain détachement (mais non un refus) de l’existence idividuelle, mais non nécessairement une sortie du monde
8. Giới Không (XIIe) texte 36 :

Nous avons quelquechose d’étrange, ni bleu ni rouge ni blanc ni noir,

Que nous soyions en ce monde moines ou laïcs : nous aimons la vie (naissance), nous détestons la mort.

Voilà le mal ! On ne se rend pas compte que la vie et la mort tout en étant différentes,

Ne sont en fait que dispersion et reconstruction l’une de l’autre

* Ta có một việc này rất lạ.

Chẳng phải xanh, vàng, đen, trắng, đỏ,

Thiên hạ tại gia và xuất gia, ‘‘Tham sinh, ố tử’ là giặc đó !

Biết đâu sinh tử tuy hai đường,

Nhưng cũng chỉ là sự ‘mất’, ‘có’

Trần thị Băng Thanh dịch, p. 447


Nos personnes conscientes elles-mêmes n’existent que pour un bref instant.
Certes on trouve des allusions à une existence renouvelée :
Thông Biện (ci-dessus n° 6), 1096

Bouddha signifie l’éveil dans le calme et l’éternité.



Tous les vivants en ont le principe,

mais étant complètement enfermés dans l’effet des sensations et des perceptions,

ils errent de renaissance en renaissance

* … Phật nghĩa là giác ngộ, và sự giác ngộ đó xưa nay vắng lặng thường trú. Hết thảy hàm sinh, đều cùng một nguyên lý đấy. Nhưng bởi bụi lòng che khuất, theo nghiệp nổi trôi, mà chuyển nên các cõi.

Lê Mạnh Thất dịch, p. 202


9. Khuông Việt (1011), texte 18 

Le feu originel renaît sans cesse …

* Lửa sẵn có trong cây, vơi đi, chốc lại đầy.

Nguyễn Huệ Chi và Phạm Tú Châu dịch, p. 211


10. Ðạo Hạnh (1117) texte 42 

ne vous attachez pas à moi,



les anciens maîtres sont tant de fois redevenus les maîtres dans les temps suivants !

* Thôi hỡi môn đồ đừng quyến luyến, thầy xưa mấy lượt hóa thầy nay.

Ngô Tất Tố dịch, p. 347

Sa biograpie fabuleuse le montre luttant contre la renaissance de son ennemi assassin de son père, un enfant prodige que le roi sans héritier aurait voulu adopter par un rite de transmigration. Ðạo Hạnh l’en aurait empêché, et serait décédé lui-même en 1117 pour se réincarner plus tard en Lý Thần Tông en 1128
Voir la notice (n° 109) pour Ðại Xả (1180) dans le Livre des moines

parlant de la 3e des 12 données causales, résidu infime mais efficace d’une existence antérieure


11. Évangile de Jean : «  […] l’heure vient, et c’est maintenant, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront […] ; vient l’heure où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et ils en sortiront : ceux qui auront fait le bien ressuscitant pour la vie, ceux qui auront fait le mal ressuscitant pour la condamnation … 

* Tin-lành theo Giăng 5/25-29 Quả thật, quả thật, ta nói với các ngươi, giờ đến, và đã đến rồi, khi những kẻ chết sẽ nghe tiếng của Con Đức Chúa Trời, và những kẻ nghe sẽ được sống […] ; ai đã làm lành thì sống lại để được sống, ai đã làm dữ thì sống lại để bị xét đoán […]


Mais c’est exceptionnel ou bien vague. L’histoire de la réincarnation de Đạo Hạnh est présentée prudemment par Thiền uyển tập anh, en petits caractères en double colonne, comme une note anecdotique peu fiable. L’enseignement des maîtres du bouddhisme de l’intuition évoquant la vie et la mort, peut difficilement faire croire à la vie immortelle d’une âme individuelle. Đạo Hạnh devenu le roi Thần Tông par réincarnation, n’a pas été vraiment la prolongation d’une vie personnelle. « De renaissance en renaissance » peut se comprendre comme « entreprendre une chose qui en entraîne une autre puis une autre » C’est plutôt la chaîne des causes et des effets, que la réincarnation des personnes … Le feu renaissant n’est pas la même existence. La religion populaire admettait la réincarnation, mais devait concevoir sagement l’absorption d’un breuvage d’oubli en sortant du tribunal des enfers. De grands spécialistes comme Nyanatiloka Mahathera ont affirmé que le Bouddha n’avait pas enseigné la transmigration d’une âme individuelle.
12. Thuấn Chân (1101), texte 37 

Nos personnes (thân) obéissent à la loi de la naissance et de la mort

Mais la nature de Bouddha (pháp tính) ne périt pas

* Thân là nguồn sinh diệt, Pháp tính vẫn như xưa

Đỗ Văn Hỷ dịch, p. 317


13. Bảo Giác (1173), texte 27

 Les myriades d’existences retournent au vide,



elles n’ont aucun point d’appui

* Muôn pháp về không, không tựa nương

Đỗ Văn Hỷ dịch, p. 485


14. Ðại Xả (1180), texte 30

 La merveilleuse lumière de notre vraie nature n’a pas d’obstacle,



Elle n’est pas enfermée dans les idées du nirvana, de la naissance et de la mort

* Chân tính sáng thiêng không vướng mắc, Niết bàn, sinh tử mặc lao lung.

Nguyễn Đức Vân và Đào Phương Bình dịch, p. 514


15. Vạn Hạnh (1018) , Ngô Tất Tố dịch, p. 218 (texte 40) 

Nos personnes (thân) sont comme l’éclair, sitôt nées sitôt disparues.

Dix mille plantes s’épanouissent au printemps, et se déssèchent en automne.

Assumons sans peur notre destin changeant,

Prospérité et déclin sont comme la rosée sur les brins d’herbe.

* Thân như bóng chớp, có rồi không

Cây cối xuân tươi, thu não nùng.

Mặc cuộc thịnh suy đừng sợ hãi,

Kìa kìa ngọn cỏ giọt sương đông
Giới Không (ci-dessus, n° 8)
Constatons l’ambiguité : je pense que身thân est la personne, mais si c’était seulement le corps matériel, la pensée serait très voisine du christianisme.

Malgré la personnification du mystère en un Dieu personnel, la Bible catholique a gardé des accents semblables, de l’antique littérature philosophique et lyrique des Juifs


16. Psaume 39 (p. 740) : 

Fais-moi connaître, Yaweh, quel est le terme de ma vie, quelle est la mesure de mes jours ;

que je sache combien je suis éphémère.

Tu as donné à mes jours la longueur de quelques palmes,

et ma vie est comme un rien devant toi.

Oui tout homme vivant n’est qu’un souffle, oui l’homme passe comme une ombre ;

Oui c’est en vain qu’il s’agite, il amasse, et il ignore qui recueillera …

* Thánh vịnh, § 39 (p. 1372)

Xin cho tôi biết, lạy Yavê, vận cùng của tôi,

nhưng ngày của tôi đo chừng mấy sải ?

Để cho tôi biết mong manh thế nào !

Những ngày của tôi, Người đo cho ít gang tay,

đời tôi bất quá một cái không không trước mặt Người

Phàm nhân hết thảy là chút hởi thở phào,

Con người như bóng ngang qua …

17. Psaume 90 (p. 792) :  ‘Prière de Moïse, homme de Dieu’

 Seigneur tu as été pour nous un refuge d’âge en âge,



Avant que les montagnes fussent nées,

Et que tu eusses enfanté la terre et le monde,

De l’éternité à l’éternité tu es, ô Dieu.

Tu fais retourner les mortels à la poussière,

Et tu dis : retournez, humains !

Car mille ans sont , à tes yeux,

Comme le jour d’hier, quand il passe,

Et comme une veille de la nuit.

Tu les emportes, semblables à un songe ;

Le matin, c’est comme l’herbe qui pousse :

Le matin, elle fleurit et pousse,

Le soir, elle se flétrit et déssèche … »

* Thánh vịnh, § 90 (p. 1438)



Lợi cầu nguyện của Môsê, người của Thiên Chúa :

Lạy Chúa, Ngươi là nơi chúng tôi trú ẩn từ đời này qua đời khác !

Trước khi núi non được sinh thành,

và đất cùng dương gian được sinh ra

Từ đời đời cho đến đời đời, Ngươi vẫn là Thiên Chúa !

Ngươi bắt phàm nhân lui về đất bụi,

và ngươi phán : « Về đi hỡi, con cái Adam ! »

Vì ngàn năm trước mặt Ngươi,

chỉ như một ngày hôm qua đã vãn,

Như một canh tàn đêm khuya.

Người cuốn lôi đi, chúng là giấc mộng,

Chúng như cỏ sáng ngày mọc lên,

Tinh sương, nó trổ hoa vươn mọc

Chiều đến, nó khô héo, úa tàn
18. Psaume, § 103 (p. 1450), lu volontiers en requiem des défunts

 … L’homme ! Ses jours sont comme l’herbe.



Comme la fleur des champs, il fleurit.

Dès qu’un souffle passe sur lui, il n’est plus.

Et le lieu qu’il occupait ne le connaît plus … 

* Thánh vịnh

Người phàm, những ngày của nó khá ví như cỏ

Như hoa cỏ ngoài đồng, nó đâm hoa,

Trên nó, làn khi chỉ thoảng qua, và nó đã không còn

Ngay chỗ nó choán cũng không còn nhận ra được nó …
Dans le Nouveau Testament non plus, la résurrection n’apparaît pas clairement comme la survie de l’individu :
19. Évangile de Matthieu :

Jésus répondant vivement aux Sadducéens sceptiques quant à la résurrection (7 frères décédés ayant épousé successivement la femme du premier, comme le voulait la coutume, lequel l’aura lors de la résurrection ?)



Vous êtes dans l’erreur, ne comprenant ni les écritures ni la puissance de Dieu. Car à la résurrection, on n’épouse pas et on n’est pas épousé ; mais on est comme des anges de Dieu dans le ciel. Quant à la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit en ces termes : ‘Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob’. Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants 

* Tin lành theo Ma-Thi-Ở 22/23-33 : Các ngươi lầm, vì không hiểu Kinh-thánh, và cũng không hiểu quyền phép Đức Chúa Trời thế nào. Vì đến khi sống lại, người ta không cưới vợ, cũng không lấy chồng, song những kẻ sống lại là như thiên sứ trên trời vậy. Các ngươi há không đọc lời Đức Chúa Trời phán về sự sống lại của kẻ chết rằng : Ta là Đức Chúa Trời của Áp-ra-ham, của Y-sác, của Gia-cốp, hay sao ? Đức Chúa Trời không phải là Chúa của kẻ chết, nhưng của kẻ sống


20. Première épitre de Paul aux Corinthiens (15/35)  :  Mais dira quelqu’un, comment les corps ressuscitent-ils ? avec quel corps reviennent-ils ? Insensé ! ce que tu sèmes ne reprend pas vie, s’il ne meurt auparavant. Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps qui sera un jour ; c’est un simple grain, soit de blé, soit de quelqu’autre semence : mais Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu, et à chaque semence il donne le corps qui lui est propre … 

* Thơ thứ nhất của Phao-Lô gởi cho người Cô-Rinh-Tô  (15/35) :  … có kẻ sẽ nói rằng : người chết sống lại thế nào, lấy xác nào mà trở lại ? Hỡi kẻ dại kia, vật gì ngươi gieo, nếu không chết di trước đã, thì không sống lại được. Còn như vật ngươi gieo, ấy không phải là chính hình thể sẽ sanh ra, chẳng qua là một cái hột, như hột lúa mì hay là một giống nào khác. Đức Chúa Trời cho nó hình thể tùy ý Ngài lấy làm tốt, mỗi một hột giống cho một hình thể riêng 


21. Et de sages poètes modernes occidentaux ont assumé l’impermanence, tel Ronsard (Élégies, 1556) 

O Dieux, que véritable est la philosophie,

Qui dit que toute chose à la fin périra,

Et qu’en changeant de forme une autre vestira :

De Tempé la vallée un jour sera montagne,

Et la cîme d’Athos une large campagne,

Neptune quelquefois de blé sera couvert :

La matière demeure, et la forme se perd
Et : Rose, elle a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin
*
Accès au grand calme (thiền định), condition d’éveil libérateur
C’est le détachement progressif de l’enchaînement des causes et des effets, jusqu’approcher l’extinction ou du moins la maîtrise de l’activité, exercice conçu comme une hygiène momentanée, et non comme une fuite hors de l’existence. Le désirer est déjà l’avoir un peu trouvé, mais la progression n’est possible qu’en libérant autant que possible l’esprit (tâm) du brouillard étouffant formé par les enchaînements de la vie habituelle qui nous aveuglent.

Dans l’histoire des Écoles de l’Esprit (Tâm tông / Thiền tông), on a insisté sur la valeur supérieure de Hui Neng (Huệ Năng, 638-713) qui serviteur du monastère, aurait mérité de devenir le grand patriarche des pays du Sud, en faisant observer que l’esprit n’avait pas à être purifié, puisqu’il était tout pureté ; mais que l’important était de le libérer.

Certaines expressions des moines d’autrefois, ou illustres disciples peuvent nous inquiéter par l’importance donnée aux maîtres : s’agirait-il d’un souci d’orthodoxie, d’une position d’autorité et de respect de la tradition par principe ?
22. Reine (Ỷ Lan) 1117, citant le sutra de l’Esprit Tâm kinh (texte 15)

Admettre que la forme et le vide n’ont aucun rapport,

c’est se mettre en accord avec le vrai principe真宗 (chân tông) [ou littéralement : l’Ecole Vraie]

* Hoàng thái hậu (Ỷ Lan) :



Sắc, không đều chẳng quản, Mới khế hợp chân tông.

Hoa Bằng dịch, p. 353 



23. Trí Bảo (1190), texte 6 

Sans le vent [le maître] pour enrouler les nuages [illusions] jusqu’au dernier,

comment voir un grand ciel bleu en automne ?

* Không nhờ gió cuốn sạch mây mù, Sao thấy trời xanh muôn dặm thu ?

Nguyễn Huệ Chi dịch, p. 518


24. Khánh Hỷ (1142), texte 12

Cessez de vous fatiguer par des questions sur les formes et sur le vide

Pour étudier la voie, rien de mieux qu’interroger les patriarches

* Kiếp trần khoan nói sắc cùng không, Học đạo gì hơn hỏi tổ tông.

Đào Phương Bình dịch, p. 459


Mais par cette dernière recommandation, Khánh Hỷ a pu vouloir surtout décourager la tentation de compréhension raisonnée, logique : il vaut mieux suivre l’exemple des maîtres, qui sont plutôt des guides pour la mise en conditions en vue d’une intuition immédiate, bien plus que pour une explication raisonnable.
25. Bảo Giám (1173), texte 3

L’éveil véritable est difficilement le résultat de l’exercice [de l’étưde ?]

Parce que ce n’est souvent qu’empêcher la connaissance des choses et le discernement de leur essence …

Mais si on perçoit le principe merveilleưx du joyau [l’enseignement du Bouddha],

c’est comme le soleil qui brille dans le ciel

* Mấy ai thành Phật ở tu hành ? Chỉ trói cùm thêm trí óc mình.

Thấu lẽ huyền vi trong ngọc sáng, Là vầng dương hiện giữa trời xanh.

Nguyễn Đổng Chi dịch, p. 483

Giác Hải (ci-dessus, citation n° 3), texte 11
26. Trí Huyền (1117), texte 8 

La voie de l’éveil est là dans chaque grain de sable du fleuve,

mais si on le cherche [raisonnablement], il faut dix mille pas

* Cát sông là cõi bồ đế đó, Mà tưởng còn xa mấy dặm nghìn.

Ngô Tất Tố dịch, p. 342

Les maîtres se sont parfois désolés de la vanité de leurs efforts
27. Tịnh Không (1170) texte 10

Quand on touche au but du voyage, on est comme le dragon qui bondit sur un appât …

Tous les jours [le maître] va récolter du riz, mais le grenier est toujours vide …

* […] Khi chuyển động tiếp xúc, Như rồng nhảy nuốt mồi.

* […] Ngày ngày gặt lúa trên đồng, Kho đụn vẫn thường không có gì.

Trần thị Băng Thanh dịch, p. 480


En fait, le maître donnait parfois un enseignement général, mais il aidait surtout le disciple à se découvrir lui-même, à trouver sa propre voie, à se construire dans une responsabilité personnelle. Il se produisait une relation d’ouverture réciproque, aidant tous les deux à sortir du piège de l’isolement. C’était depuis longtemps indispensable dans la sagesse bouddhiste
28. Nguyện Học (1174) texte 4

La réalité ultime n’a ni forme ni apparence, elle est évidente, immédiate

Il faut la trouver en nous-mêmes, et non pas la chercher en quelqu’un d’autre

* Đạo không hình bóng, Trước mắt, đâu xa.

Tìm tự lòng ta, Chớ tìm chốn khác

Hoàng Lê dịch, p. 500



29. Ainsi parlait le maître de Trần Cảnh (roi Thái Tông) en 1237 (texte 5)

Les montagnes en elles-mêmes n’ont pas de Bouddha, il demeure seulement dans l’esprit

Si votre Majesté connaît l’éveil spirituel, immédiatement elle deviendra bouddha ;

Ne vous mettez pas en peine d’aller chercher ailleurs

* Trong núi vốn không có Phật, Phật ở ngay trong lòng.

Lòng lặng lẽ mà hiểu, đó chính là chân Phật.

Nay nếu bệ hạ giác ngộ, điều đó thì lập tức thành Phật.

Không cần khổ công tìm kiếm bên ngoài.

Nguyễn Đức Vân và Trần thị Băng Thanh dịch, Thơ Văn Lý Trần, tập II/I, p. 28


30. Dans l’Évangile de Luc (17/20-21) :

« Interrogé par les Pharisiens : quand vient le royaume de Dieu ? [Jésus] leur répondit : le royaume de Dieu ne vient pas avec des signes à observer, et on ne dira pas ‘il est ici’ ou ‘il est là’, car voici que le royaume de Dieu est au dedans de vous 

* Tin lành theo Lu-ca : Người Pha-ri-si hỏi Đức Chúa Jésus nước Đức Chúa Trời chừng nào đến, thì Ngài đáp rằng : Nước Đức Chúa Trời không đến cách rõ ràng, và người ta sẽ không nói : ở đây, hay là : ở đó ; vì nầy, nước Nước Đức Chúa Trời ở trong các ngươi »


En principe, l’accès à la sagesse peut sembler simple, mais c’est difficile de faire le vide des activités, jusqu’à parvenir à une certaine manière de vivre nouvelle, devenant habituelle, au delà d’un effort méritoire. Sentir profondément, c’est bien différent de comprendre raisonnablement :

Vie simple, franche, modérant les désirs, non violente donc sans ascétisme systématique ; humble, respectueuse par principe des personnes et du monde extérieur ; étudiant des biographies exemplaires plus que des dissertations, donc écartant la tentation des conceptions métaphysiques qui stimuleraient les prétentions abusives de la raison discursive.


31. Tịnh Không (1170) texte 10

Il y a des gens intelligents qui ne trouvent pas la voie,

Il y en a qui la découvrent et qui sont ignorants

* Người khôn không ngộ đạo, Ngộ đạo, kẻ ngu si

Trần thị Băng Thanh dịch, p. 480


32. Không Lộ (1119), texte 47

Le vieux pêcheur s’est endormi, personne ne l’appelle

Passé midi il se réveille, la neige a rempli sa barque

* Ông chài ngon giấc không ai gọi,

Tỉnh dậy sau trưa, tuyết ngậm thuyền.

[la neige : bénédiction céleste] Nam Trân dịch, p. 386


On peut lire de même dans le Nouveau Testament Tân Ước :



33. Matthieu 5/3, 8 (p. 5) : (Sermon de Jésus sur la montagne )

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume de Dieu est à eux …

Heureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu

* Tin lành theo Ma Thi Ơ (Bài giảng tại trên núi) :  Phước cho những kẻ có lòng chân chất, vì có thể vào nước Đức Chúa Trời …  [Je propose chân chất, car la traduction vietnamienne a sauté la première phrase « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume de Dieu est à eux ]

 Phước cho những kẻ có lòng trong sạch, vì thấy Đức Chúa Trời [J’enlève le futur « sẽ » thấy]
34. Matthieu 18/2-4 (p. 22) : En ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et dirent :

Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? Alors ayant fait venir un enfant, il le plaça au milieu d’eux et dit : Je vous le dis, en vérité, si vous ne changez pas et devenez pas comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Celui qui se fera humble comme ce petit enfant est le plus grand dans le royaume des cieux 

* Theo Ma Thi Ơ : « Trong lúc đó, môn đồ gần Đức Chúa Jêsus, mà hỏi rằng : ai là lớn hết trong nước thiên đàng ? Đức Chúa Jêsus gọi một đứa trẻ đến, để ở giữa môn đồ, mà phán rằng : qủa thật, ta nói cùng các ngươi, nếu các ngươi không đổi lại và nên như đứa trẻ, thì chẳng được vào nưóc thiên đàng đâu »


Luc  (10/21) : Jésus  tressaillit par l’Esprit Saint et dit : Je vous bénis, père, seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux simples … 

* Theo Lu Ca  Cũng giờ đó, Đức Chúa Jêsus nức lòng bởi Đức Thánh Linh, bèn nói rằng : lạy Cha, là Chúa trời đất, tôi ngợi khen Cha, vì Cha giấu những sự nầy với kẻ khôn ngoan, người sáng da, mà tỏ ra cho người [chân chất] trẻ nhỏ hay ! …  [Je conteste la traduction vietnamienne (cho người trẻ…) . En français, je lis « aux simples ». Je propose donc : « cho người chân chất


Epître de Paul aux Colossiens 2/8 :  Prenez garde que personne ne vous surprenne par la philosophie et par des enseignements trompeurs, selon une tradition toute humaine et les rudiments du monde, et non selon le Christ … 

* Thơ của Phao Lô gởi cho người Cô Lô Se :  Hãy giữ chừng, kẻo có ai lấy triết học và lời hư không, theo lời truyền khẩu của loại người, sơ học của thế gian, không theo Đấng Christ


Mais c’est d’ailleurs toute la personne (thân) qu’il faut apaiser, par des postures relaxantes, et même par la maîtrise des besoins élémentaires, l’intervention dans les rythmes ordinaires du corps (alimentation, surtout respiration) : donc se détacher progressivement des enchaînements et soucis habituels conscients et inconscients, en vue de la libération, d’une découverte, d’une mise au jour de l’esprit qui correspond en nous à l’ultime réalité inconcevable. Des pratiques indiennes du yoga ont été acceptées par le bouddhisme, non sans quelques correspondances avec les exercices des taoïstes. Et rappelons nous que thân est à la fois le corps et la personne dans son ensemble. C’est pourquoi j’ai tendance à penser la personne plutôt que seulement le corps.
35. Ðạo Huệ (1173), texte 25

Notre corps [personne] et sa mystérieuse nature ne s’unissent ni se séparent

Vouloir les distinguer, c’est comme imaginer un rameau fleuri dans un fourneau

* Sắc thân và diệu thể, Chẳng hợp chẳng lìa xa

Kẻ nào toan tách biệt, Lò lửa một cành hoa

Hoàng Lê dịch, p. 487


Quant à l’ascétisme, le Bouddha historique y avait renoncé dans sa quête de la sérénité. Mais l’hagiographie a tout de même loué l’expérience qu’en ont faite des moines d’autrefois, à la manière d’une retraite temporaire :
Extraits de plusieurs biographies. Đoạn trích trong mấy tiểu sử

36. de Huệ Sinh (1063) : restait en concentration (thiền định) pendant 5 jours sans bouger

 * Mỗi lần nhập định, sư ngồi suốt năm ngày liền …



37. de Không Lộ (1169) : ne mangeant que des légumes et habillé de paille et de feuilles, réussit la maîtrise parfaite de son corps et l’extinction des désirs

* Ăn rau mặc lá, quên cả thân mình, dứt hết mọi điều mong muốn, một lòng chuyên chú tu tập thiền định »

38. de Tịnh Không peut-être un chinois (1170) : ne mangeait qu’une petite poignée de grains par jour, son dos ne touchait jamais la natte et restait en concentration pendant plusieurs jours de suite

* Chỉ ăn một nhúm hạt vừng hay hạt mạch, lưng không bén chiếu, chỉ ngồi thiền, mỗi lần nhập định suốt mấy ngày liền mới đứng dậy 

Ngô Đức Thọ và Nguyễn Thúy Nga dịch, p. 209, 105, 116)


39. Jésus aussi s’était retiré dans le désert après son baptême par Jean Baptiste (Luc, 4/2)

ne mangeant rien pendant 40 jours 

*  Trong những ngày ấy, Ngài không ăn chi hết 
Cette hygiène physique et mentale devenue habituelle, naturelle bien qu’à entretenir, peut permettre dans ses meilleurs moments, la concentration sur quelquechose même la plus ordinaire (objet, situation, spectacle), en s’efforçant de la détacher de ses liaisons apparentes avec les autres ; à sentir son existence pure dans notre imagination si elle est conçue comme définitive ; à sentir ses caractères impermanent et illusoire si elle est replacée dans ses liaisons avec le monde.

Il est vrai que nous pouvons être déçus par certains moines qui nous paraissent à première vue loin d’un modernisme : ne dédaignant pas de passer par la copie [comme moi par la traduction mot à mot ?], et même par la récitation répétée de livres et d’incantations jusqu’à une imprégnation exacte et profonde des sons même non compris.


Nguyễn Học -1174 obtint l’éveil, puis étudia encore pendant 12 ans les livres ésotériques, et acquit des pouvoirs surnaturels, sachant guérir des malades et faire pleuvoir

Ðại Xả (-1180) s’appliquait jour et nuit à la pratique des incantations et à l’étude du livre de la Guirlande de Fleurs (Hoa nghiêm)

Mais aussi en Occident chrétien, on a utilisé au moins depuis le XIe siècle, l’imprégnation mentale par le Chapelet, voire par le rosaire [15 dizaines soit 150 ave Maria], vivement recommandé par l’ordre des Dominicains
En Asie orientale, règnait alors l’influence de l’ésotérisme (Mật Tông) dernier grand enseignement du boudhisme indien, à Nalanda dans la basse vallée du Gange, connu en Asie orientale depuis le VIIIe siècle notamment au Champa. On y a développé la croyance déjà ancienne à des pouvoirs surnaturels du Bouddha historique, et à l’efficacité en elles-mêmes de chacune de ses paroles pour capter et utiliser des forces disponibles au delà de nos perceptions et conceptions habituelles. Le moine Sùng Phạm (-1087) qui a étudié en Inde pendant 9 ans, l’a sûrement connu, or il a eu de très nombreux disciples quand il est revenu
On pouvait répéter exactement, surtout dans la langue sanscrite réputée celle du Bouddha donc sacrée, certaines formules mantras (chính ngôn), ou dharani (đà la ni), et en conserver une empreinte (tổng trì) inconsciente 心印 permettant des pouvoirs surnaturels 神通 (thần thông), et surtout l’accès immédiat à l’éveil bodhi (giác ngộ). Selon le livre du Lotus de la Loi Merveilleuse (Diệu Pháp Liên Hoa kinh), Bouddha lui-même aurait approuvé cette méthode par compassion. Ses maîtres en Inde à Nalanda l’ont systématisée depuis la fin du VIIe, pensant perfectionner ainsi le bouddhisme en une voie complète (véhicule thừa) de la Foudre Vajrayana 金剛 (Kim Cương Thừa). Les Occidentaux l’ont appelée Tantrisme, du mot tantra de ses livres contenant ces formules. Les maîtres en ont parlé aussi comme d’une École des Paroles Efficaces 真言宗 (Chân Ngôn Tông) ou Ésotérique 密宗 (Mật tông) et nombreux s’en sont méfiés. Mais l’hagiographie montre bien qu’ils l’ont utilisée.
D’ailleurs on y sent tout une parenté avec les Écoles de l’Esprit (Tâm Tông) du bouddhisme d’intuition (Thiền) cherchant par exemple l’éveil immédiat (đôn ngộ) et la transmission directe des maîtres aux disciples hors de l’enseignement, pour laquelle ces derniers lui empruntèrent l’expressionen ‘empreinte, sceau de l’esprit’ (tâm ấn)

Et c’était justement un message essentiel du dernier missionnaire chinois réformateur du bouddhisme des lettrés, Vô Ngôn Thông arrivé en An Nam en 820. Plutôt que par la récitation de formules, l’éveil pouvait être acquis par proximité sympathique, comme par une sorte de mimétisme entre le disciple et le maître : transmission du « sceau de l’esprit 心印 (tâm ấn) » sans paroles, par le simple voisinage des vies personnelles.

Je note l’importance de l’événement imprévu d’un instant, tel le reflet de soleil sur un grain de sable du chemin ou de la plage au bord du fleuve : comme perçu hors du temps et des liaisons appréciables, pour sentir cet éveil
40. Minh Trí (1196), texte 2

Une transmission est possible, hors de l’enseignement,

par l’imperceptible tréfonds du cœur de Bouddha et des patriarches

Mais si on veut l’analyser, c’est comme chercher la fumée dans une flamme ardente

* Truyền riêng ngoài giáo lý, Vi diệu ấy nguồn Thiền.

Nếu ai muốn phân biệt, T ìm khói trong ảo huyền.

Đỗ Văn Hỷ dịch, p. 523


41. Dans la biographie de Đạo Hạnh (1117) : « Qu’est-ce que le pur esprit 真心 (chân tâm) ? – Qu’est-ce qui ne l’est pas ? – Qu’est-ce qui en témoigne ? – Quand j’ai faim je mange, quand j’ai soif je bois, répondit le maître »

* Đoạn trích trong tiểu sử Ðạo Hạnh, hỏi thiền sư Sùng Phạm  : Thế nào là chân tâm ? Sùng Phạm hỏi lại : Thế cái gì không phải là chân tâm ? Ðạo Hạnh : Lấy gì làm bảo chứng ? Sùng Phạm : Đói ăn khát uống.

( Ngô Đức Thọ và Nguyễn Thúy Nga dịch, p. 200)
Et là nous trouvons un certain accord avec la sagesse confucéenne, jugeant vain de disserter de l’au-delà

Éveillé, on sort de l’enchaînement des illusions, du moins autant que c’est possible pour notre nature humaine avant l’extinction totale [au décès]. On peut contempler librement l’enchaînement (karma, 業 nghiệp) et les liaisons infiniment compliquées des existences innombrables (vạn pháp) : toute existence (objet, situation, spectacle, personne individualisés) apparaissant bien comme illusoire et impermanente. Il ne suffirait pas de comprendre tout cela et d’en faire quelques expériences successives et superficielles, il en faut surtout une profonde assimilation

Je pense qu’on peut y être aidé par un choc physique ou sentimental, tel que la disparition d’une personne avec laquelle on se sent physiquement lié tels père, mère, enfant, ou chérie telle une épouse : la perception de l’impermanence peut alors acquérir une profondeur insoupçonnée.

C’est le grand calme, l’apaisement maximum (et non l’anéantissement) de la personne consciente (samadhi, 禪 定 thiền định), le détachement de la chaîne des causes, et la disponibilité pour l’éveil (bodhi, 覺悟 giác ngộ) à la grande sagesse perspicace (prajna, tuệ) ; cela bien qu’il ne s’agisse absolument pas, nous le verrons, d’une voie suicidaire, ni d’un paradis artificiel ni d’un retrait définitif du monde.


Le maître de Trần Cảnh en 1237 (texte 5) :

Si l’esprit (tâm) accède à la quiétude, il devient capable de la [plus large] connaissance

C’est cela qu’on peut vraiment appeler bouddha.

Si votre majesté connaît l’éveil spirituel, immédiatement elle deviendra bouddha …

* Thiền sư của Trần Cảnh (Thái Tông) năm 1237 :



Lòng lặng lẽ mà hiểu, đó chính là chân Phật.

Nay nếu bệ hạ giác ngộ, điều đó thì lập tức thành Phật.

Không cần khổ công tìm kiếm bên ngoài.

Nguyễn Đức Vân và Trần thị Băng Thanh dịch, Thơ Văn Lý Trần, tập II/I, p. 28


42. Huệ Sinh (1063), texte 52

Devant le vide [comme] pour un bateau qui s’avance en pleine mer,

Connaissant le vide et sachant que l’existence sort du vide,

L’esprit affranchi des causes et des effets, concentré jusqu’à s’abîmer dans le vìde,

Devient capable de la grande intuition

* … Hư tựa con thuyền vượt sóng ra.

Biết cả lẽ ‘không’ và lẽ ‘có’,

Lại dùng ‘tam muội’ hiểu sâu xa.

Nam Trân dịch, p. 258





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