2° Le cas des consonnes.
Une consonne isolée n’a pas de son et ne peut pas être “dite” . Pourtant elle existe dans le mot ba. Disons lentement et longuement ce mot ba. Nous constatons que nos cordes vocales vibrent dans la position finale et prononcent la voyelle a. Avant celle voyelle quelque chose est dite avec l’interaction entre la consonne b et la voyelle a, voyelle qui joue ainsi le rôle de révélatrice en subissant l’attaque de la consonne b. Cette attaque transforme le son constant de la voyelle a en un son non constant qui ne dure qu’un centième de seconde et qui permet de reconnaître la consonne b. En absence de la voyelle a, on n’entend rien, ce qui nous fait dire que la consonne est muette.
Preuve : En cessant de voiser par immobilisation des cordes vocales, on élimine la voyelle a et il ne reste que les actions muettes de la bouche qui sont les suivantes :
1°- Articulation de la consonne b : On ferme les lèvres.
2°- Tenue de la fermeture des lèvres avec accumulation de l’air dans la bouche.
3°- Attaque de la consonne par ouverture du passage de l’air en écartant les lèvres et expulsion de l’air emmagasiné.
Toutes ces actions sont muettes dès lors que les cordes vocales ne vibrent pas et elles sont suffisantes pour dire les mots ba et ab :
Pour dire ab, on dit la voyelle constante a et sans la laisser mourir, on fait l’action n° 1 d’articulation de la consonne b. Il se produit le même phénomène que pour la diphtongue ai, car l’organe phonatoire passe de la position du a à celle la fermeture des lèvres où la consonne est prête à attaquer la voyelle suivante. La durée du processus est de l’ordre du dixième de seconde, comme pour les diphtongues. Mais on doit cesser de faire vibrer les cordes vocales à partir de ce moment là, puisque le mot ab est déjà dit
Si on ne fait vibrer les cordes vocales qu’à partir du n° 3, la consonne b attaque voyelle a qui se manifeste par l’adoption de l’appareil phonatoire de la position du a en fin du mouvement et on obtient le mot ba. Ce mot ba se dit plus naturellement que le mot ab, et sonne bien plus fort pendant l’explosion de l’attaque qui est plus brève (environ un centième de seconde). Il est probable que l’énergie dégagée soit à peu près la même.
En changeant la voyelle en e, o, i, u, ou, é, è ... la consonne b, si elle est en position finale, interagit par son articulation qui module le son déjà créé par la voyelle en ab, eb, ob, ib, ub, oub, éb, èb ... et, si elle est en position initiale, la consonne b attaque avec force la voyelle pour donner les mots ba, be, bi, bo, bi, bu, bou, bé, bè...
En passant de consonne b aux autres consonnes c, d, f, g, h, ... , x, z, on obtient toutes les combinaisons CV et VC (C=consonne, V=Voyelle). On fera de même pour les doubles consonnes
Conclusions :
1°- Les consonnes dites comme des fonctions à faire, combinées aux voyelles, dites aussi comme des fonctions à faire, permettent de dire tous les mots d’après leur écriture.
2°- Les consonnes sont formées par la suite des trois fonctions : 1°- Articulation, 2°-Tenue du passage minimal de la consonne, 3°- Attaque par la consonne. Dans les écritures CV et VC la lettre C dénote la tenue du passage minimal, de sorte que les sons phoniques sont crées par des fonctions automatiquement existantes et, en tant que fonctions non indépendantes, ne sont pas notées. De plus, les fonctions articulation et attaque correspondent à une variation de la forme de l’appareil phonatoire partant ou aboutissant à la position du passage minimal. Il est extrêmement difficile de décrire comment se fait cette variation, car on a affaire à un continu qui dépend du locuteur. Heureusement cette variation compliquée est non universelle et sera ignorée dans la recherche du commun à tous les hommes. Le commun est dépouillé et simple: Tous les hommes reconnaissent la consonne malgré ses manfestations particulières et l’écriture alphabétique fonctionnelle note l’essentiel qui est discret, car la lettre C note la tenue du passage minimal défini par la consonne et nullement les variations continues du son phonique qui dépendent des lettres voisines
3°- La séparation des fonctions 1° et 3° est obligatoire en vietnamien et dans toutes les langues monosyllabiques car le code de ces langues impose de réaliser l’action n° 2 (tenue de la consonne) par un long silence. Est universelle la possibilité de réaliser la tenue de la consonne en silence ou non, pendant longtemps (10-1 sec. pour le vietnamien) ou non (10-3 sec. pour le français). La séparation trop brève des fonctions 1° et 3° dans les langues polysyllabiques n’est pas perçue par les Européens. Par exemple Ferdinand de Saussure, dans ses Leçons de linguistique générale de 1916 avait vu l’existence des fonctions 1° et 3° et méconnu la tenue de la consonne.
4°- Le parler humain n’est pas linéaire au sens des phonologues pour les combinaisons CV et VC comme pour les diphtongues VV. Le fait méconnu est que les consonnes sont formées de trois fonctions notées –C– le premier tiret étant l’articulation et le dernier tiret étant l’attaque. En absence de voyelle révélatrice, ces actions sont muettes et ne sont pas détectables par la théorie phonique basée uniquement sur les sons émis et cette théorie est inapte à modéliser le vécu du parler humain : Croire que les consonnes sont des sons est une grave erreur communément admise et reproduite dans nos dictionnaires.
Cette erreur a une longue histoire. Au départ les hommes commençaient à noter des mots par des symboles (écriture ougaristique (-3400)) et ces symboles correspondaient à des sons émis avec l’aide des consonnes, la voyelle révélatrice ayant peu d’importance (comme en arabe) étant ignorée par les Phéniciens par exemple. Les Grecs (-900) furent les premiers à en tenir compte en introduisant dans l’écriture phénicienne des lettres pour noter les voyelles, en prenant même la lettre α pour noter la voyelle a (alpha en grec) alors qu’elle s’appelait aleph, du nom phénicien du bœuf qu’elle notait (aleph est le nom hébreu et on “peut croire” qu’il en était de même en phénicien). Mais l’habitude était déjà là et on ne pouvait pas penser que les consonnes étaient muettes.
5°- La confusion entre les fonctions et les résultats des fonctions date de trois mille ans et la mauvaise lecture par épellation a la même origine : On apprenait à lire aux enfants en leur faisant réciter bé+a = ba ou be+a = a car on ignorait que la consonne b était muette. Notons cette action b’ et tout s’éclaire : On a b’+é = bé d’où l’erreur de l’épellation ancestrale : b’+é+a = bé+a = béa. Ce son béa n’est le mot ba car le é est de trop. Notre méthode d’apprentissage est fausse car basée sur la théorie phonique qui est fausse et confond de plus le nom donné la consonne (bé ou be) avec le son utilisé pour épeler (procédure déjà fausse).
6°- Ces incohérences ont conduit des enseignants à adopter les méthodes globales ou semi-globales qui sont des pierres à écraser les mouches : En écrasant la mauvaise méthode issue de la théorie phonique qui est fausse, on tue la vraie théorie fonctionnelle qui est toute simple, pratiquée par tout être humain qui parle, donc facilement reconnue par tous : L’alphabet est fonctionnel et est constitué par des lettres à apprendre en même temps que leur signification fonctionnelle. Cette signification est facilement reconnue puisqu’il s’agit des actions que chacun faisait déjà : Il suffit de parler lentement pour pouvoir les séparer, à condition de se rendre compte, pour les consonnes, que les lettres C notent la tenue de la position de fermeture maximale des consonnes.
7°- La bataille des méthodes globales, semi-globales et alphabétiques est hors sujet, car leur sujet est l’alphabet phonique inapte à modéliser le langage et ne devant pas être appris aux enfants. L’alphabet qui modélise la parole humaine telle qu’elle est vécue est l’alphabet fonctionnel.
L’alphabet fonctionnel est scientifique, facile à comprendre et à enseigner par tout homme à qui l’on a expliqué comment il fait. Il permet trois avancées majeures :
1°- Apprendre aux enfants la grande découverte de l’alphabet fonctionnel en étudiant un matériel déjà familier et gratuit, à savoir le parler de l’élève, et révéler la démarche fondamentale de la science : chercher ce qui est commun à beaucoup de phénomènes (ici, on écarte tout ce qui est particulier à une langue) et vérifier expérimentalement que ce qu’on a trouvé fonctionne.
2°- Ne plus induire nos enfants dans l’erreur, et la plus grosse est de confondre béa avec ba, alors que l’objet de la phonétique est justement de distinguer béa de ba.
3°- Permettre une alphabétisation rapide, facile et peu coûteuse : Les cahiers et livres ne sont pas indispensables, car il s’agit seulement d’apprendre aux enfants à dessiner des lettres sur tout support disponible. Et le plus grand avantage est économique, social et humain puisque toute personne dotée de raison comprendra sans peine la théorie pour ne plus avoir de complexes et pourra l’enseigner à celui qui sait déjà parler avec toutes les conséquences sociales de son geste.
Les parents retrouvent naturellement la place qui est la leur : Expliquer et enseigner l’écriture et la lecture aux enfants, partout sur terre et pour tous les déshérités de la terre.
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