Loin dans le temps et l’espace, mais modernité et proximité du bouddhisme des moines lettrés vietnamiens sous les premières dynasties



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Cette expérience spirituelle semble être ouverte aux laïcs, puisque les moines acceptaient ceux-ci dans leurs réunions. Ce n’était sans doute pas que pour prêcher la morale ordinaire. Ainsi voit-on l’expression bodhisattva (personne éveillée) appliquée aux laïcs (thế tục)



43. Trí Bảo (1190), texte 55

Les bodhisattvas savent se contenter de leurs épouses …

Ils laissent les autres s’occuper de leurs épouses et concubines …

Comment tolèreraient-ils des pulsions malhonnêtes dans leurs cœurs ?

* Vợ mình riêng đủ lắm rồi, …

Vợ ai, kẻ ấy yêu vì,

Nỡ nào sinh bụng bất nghì, tà gian !

Hoàng Lê và Đỗ Văn Hỷ dịch, p. 520


On a gardé le souvenir de grands personnages, dont le roi et le reine sous la dynastie des Lý qui allaient écouter et intervenaient dans les discussions.
44. Thái Tông (1028-1054 )

allait dicuter avec les vénérables lettrés, des différences et ressemblances

(dự chư phương kỳ túc giảng cứu di đồng)

* cùng các bậc túc thiền, trưởng lão giảng cứu, bàn luận những điều dị đồng

Ngô Đức Thọ và Nguyễn Thúy Nga dịch, p. 85


Je suppose que l’éveil (giác, giác ngộ) conçu comme immédiat, pouvait donc sans doute avoir des qualités progressives.

[Serait-ce comme : penser à une fleur, voir son image, voir son image en couleur, la voir en vrai, la voir et la sentir, la voir et la sentir un soir d’été ?]

*

Voies différentes vers la grande sagesse perspicace (prajna, 慧 tuệ)
Nous avons observé jusqu’ici des expériences spirituelles praticables dans toute sagesse, pour une approche du repos absolu [paradis?], ou vers l’heureuse conviction de pouvoir y parvenir quand le désir de vivre serait épuisé, c'est-à-dire après une vie bien remplie. Mais ensuite les voies paraissent diverger.

Les mystiques chrétiens ont pu apprécier cet accès au calme du vide



45. Prière de la bienheureuse Élisabeth de la Trinité (1129-1165)

O mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en Vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité ; que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre mystère … 

* Lời nguyên của chân phúc Ê-li-sa-beth Ba Ngôi :



Oi Thiên Chúa của con, con thờ lạy Ba Ngôi, xin giúp con quên hẳn mình đi để ở trong Chúa, bất động và bình an như thể hồn con đang sống trong vĩnh hằng ; xin đừng để điều gì quấy phá sự bình an của con , và làm con phải ra khỏi Chúa, ôi Đấng Bất Biến của con, nhưng xin cho mỗi phút đem con vào sâu hơn trong mầu niệm của Chúa ! 

(cité dans le Cathéchisme catholique, n° 260 p. 76 ; Giáo lý p.111)


46. Récemment : Jésuite Vermander :

une plénitude divine qui ne se laisse trouver qu’au sein du vide le plus complet 

 … vide qui nous habite au plus intime et qui seul permet le jaillissement de la flamme 

dans Raguin, Vide et plénitude (p.15)



Mais on aboutit à la dualité de Dieu et de la personne humaine : ô mon Dieu, aidez-moi …


47. selon le jésuite Y. Raguin :

 Le bouddhiste se verra perdu dans la réalité ultime et dira qu’il a retrouvé en lui son identité à la nature [ultime] de Bouddha. Le chrétien se verra perdu en Dieu, uni à lui au plus profond de son être, mais verra aussi qu’il est autre que Dieu, et que Dieu est autre que lui. Il découvrira en même temps la relation d’amour fondamentale dans le christianisme … 

Bouddhisme et Christianisme (p.10) 

48. (Cathéchisme catholique, n° 35)

Les facultés de l’homme le rendent capable de connaître l’existence d’un Dieu personnel

* Nhờ những năng lực của mình, con người có thể nhận biết sự hiện hữu của một Thiên Chúa hữu ngã 
Les maîtres bouddhistes ne semblent avoir conçu ni Dieu personnel, ni dualisme.
Sur la base du calme parfait (thiền định) au plus près possible de l’arrêt de l’enchaînement des causes et des effets (karma, nghiệp), mettant la personne comme dans une transparence libérant l’esprit (tâm), on peut consolider l’intuition fragile [et inexprimable] dans l’existence, assurer la conviction intime et rassurante (libération, illumination, éveil) d’arriver un jour au calme absolu (parinirvana, bát niết bàn), par l’épuisement [non pas par l’interruption] des enchaînements (décès de la personne, c’est à dire la fin complète de son existence, ou déjà l’intution de son caractère illusoire).

Pour cela, la première précaution pour se maintenir aussi éveillé que possible est de renoncer à penser ou à s’exprimer sur cette intuition, plutôt que de risquer de dénaturer la réalité absolue ; c’est à dire renoncer à la limiter par le moindre concept, ou d’en faire un souvenir.

Nguyện Học (1174) (ci-dessus, n° 28) texte 4

Ðại Xả (1180), ci-dessus, n° 16) texte 30


Certains maîtres hésitaient même à parler, comme déjà Vô Ngôn Thông missionnaire chinois du bouddhisme de l’École de l’Esprit (Tâm Tông) en pays việt (820) méritant ainsi son surnom Communication sans Paroles
49. Nguyện Học (1174), texte 32

Il n’y a rien dans le monde comparable à cette merveilleuse clarté qui brille à jamais

Je n’ai pas pu la définir dans mes explications, je ne trouve pas d’expression convenable

* Khôn đem mọi vật mà so sánh, Một ánh linh quang vằng vặc trong.

Đôi khi thuyết pháp bàn khôn được, Biết mượn lời chi, cho thỏa lòng.

Đỗ Văn Hỷ dịch, p. 501


Et c’est pourquoi certains réussissaient à transmettre le ‘sceau de l’esprit 心印 (tâm ấn)’ sans paroles, par le simple voisinage des vies personnelles.
Minh Trí (1196), ci-dessus, n° 40, texte 2
Đạo Hạnh interrogeant Sùng Phạm, hỏi thiền sư Sùng Phạm  (ci-dessus, n° 41)

 * … Đói ăn khát uống 


Mais c’est difficile d’entraîner la personne humaine vers cet arrêt, vers l’intuition du vide, de l’insaisissable ; comment convaincre du détachement même apparent et momentané de la vie individuelle ? On tolére donc l’expression par images au niveau du bon sens ordinaire, dans le cadre des connaissances scientifiques du moment.

Par images tolérables, je pense qu’on peut comprendre largement les spectacles de la nature, les allégories, l’iconographie, les rites et les croyances, les histoires saintes émouvantes, voire l’attachement à un maître, et une certaine personnification paternelle du vide (du Ciel), c'est-à-dire du mystère. Par l’effort de sortie des habitudes et des perceptions raisonnables que ces images exigent, les disciples peuvent sentir qu’ils entrent au plus profond d’eux-mêmes. Elles peuvent mettre dans une logique de correspondance plus que de raisonnement logique, mais attention : ces images et concepts sont des illusions, il ne faut pas y fixer définitivement notre attention. Elles doivent être une voie, un tremplin et non un but. Il ne faut pas vénérer l’outil en lui-même, mais ce qu’on peut en faire. Le terme « illusion » ne doit pas être compris ici comme une erreur de l’entendement, mais plutôt comme un symbole ou un pont, une porte entrouverte, dont l’existence utile permet un passage diffficile.


Ernest Renan  (1823-1892) : « La forme obligée de toute religion est le symbolisme »
Je pense aussi que le choix des fonds dorés des anciennes images religieuses occidentales de la même époque, plutôt que de paysages réalistes, était une manière de ne les considérer qu’en rêve, ou comme des ponts vers « un autre monde » différent de la réalité ambiante. Les auréoles dorées ont pu avoir la même utilité

Ce n’est pas mépriser les croyances qui sont donc nécessaires ou du moins utiles, seulement l’intuition spirituelle est au delà, au delà du bien et du mal, du vrai et du faux, au delà de la pensée.


 … que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre mystère…  (sainte Elisabeth)
Ecoutons les anciens moines vietnamiens :
50. Le maître de Trần Cảnh (Thái Tông) en 1237, texte 5

Il n’y a pas de Bouddha dans la montagne ; il est immédiatement présent dans votre esprit

* Trong núi không có Phật, Phật ở ngay trong lòng.

Nguyễn Đức Vân và Trần thị Băng Thanh dịch, Thơ văn Lý Trần, tập II/I, p. 28

[montagne peut faire allusion aux pagodes, souvent à flanc de collines,

où l’on imagine les images, les cultes et les révélations par des maîtres]


51. Thiền Lão (vers 1035), texte 19

Pousses de bambous et chrysanthèmes ne sont pas en dehors de nous

Les nuages blancs et la clarté de la lune révèlent la vraie réalité

* Ngoại cảnh dâu có phải, Hoa vàng với trúc xanh.

Lộ vẻ chân toàn vẹn, Ở mây trắng trăng thanh.

Phạm Tú Chau dịch, p. 240


52. Gìác Hải (1127 ?) texte 54

Le printemps arrive, les fleurs et les papillons connaissent bien ce moment,

Les fleurs et les papillons doivent s’accorder

Mais les fleurs et les papillons sont des illusions.

Ne fixez pas votre attention sur les fleurs et sur les papillons

* Xuân sang hoa bướm khéo quen thì, Bướm liệng hoa cười vẫn đúng kỳ.

Nên biết bướm hoa đều huyễn ảo, Thây hoa, mặc bướm, để lòng chi !

Ngô Tất Tố dịch, p. 445


La princesse nonne Diệu Nhận (1042-1113) a dit sa méfiance envers :

les artifices de l’expression (kị thanh sắc ngôn ngữ)
Pour les disciples avancés, nous trouvons même des propositions énigmatiques pour aider à prendre conscience de l’impuissance de la raison
Reine Ỷ Lan -1117 (ci-dessus n° 22) texte 15



53. Dans la biographie de Ngộ Ấn (1088) :

Maître, qu’est-ce que la grande voie ? – C’est une grande route – Je vous demande ce qu’est la grande voie, et vous me répondez que c’est une grande route. Comment comprendrai-je ? – Un petit chat ne sait pas encore attraper les souris – Est-ce qu’un petit chat a la nature de bouddha ? – Non – Tous les vivants ont la nature de bouddha, pourquoi pas vous ? – Parce que je ne suis pas un vivant – Si vous n’êtes pas vivant, êtes-vous Bouddha ? - Je ne suis ni vivant ni Bouddha

* Đoạn trích trong tiểu sử của thiền sư Ngộ Ấn

Tăng khách : Thế nào là đại đạo ? Ngộ Ấn : Con đường lớn – tk : Kẻ học này hỏi về đại đạo, thế mà hòa thượng lại đáp là ‘con dường lớn’, đệ tử chưa biết đến bao giờ thì tới đại đạo - Mèo con chưa biết bát chuột ! - Mèo con có Phật tính không ? Không Tất cả những vật hàm linh đều có Phật Tính, sao hòa thượng lại nói mèo con không có ?Không, ta chẳng phải là vật hàm linhKhông phải vật hàm linh, vậy hòa thượng là Phật chẳng ? - Ta chẳng phải Phật, cũng chẳng phải hàm linh.

Ngô Đức Thọ và Nguyễn Thúy Nga dịch, p. 96


Voilà d’ailleurs la base de ma collaboration avec Dominique de Miscault, auteur de ce qui est le plus original dans notre livre : les images en regard des traductions. Elles peuvent surprendre, étonner, décevoir, parce qu’elles ne sont pas des messages qui s’imposent, mais des bases de départ vers une intuition personnelle indéfinissable. La juxtaposition des textes et des images peut défier le bon sens, et c’est tant mieux, car le livre doit faire trouver la voie à la fois dans et en dehors de l’entendement ; trouver la voie avec la certitude inconsciente d’arriver à la vraie demeure. L’accès à cette sagesse n’est pas nécessairement bouddhiste, ni actuel, mais il est moderne par son dépassement de l’entendement, par son émancipation des livres et des systèmes de pensée, afin de libérer l’esprit. J’avais compris beaucoup de choses en méditant, finalement sans réfléchir, les œuvres des peintres dit dans « l’abstraction poétique » du milieu du XXe siècle, lorsque les hasards de ma carrière d’enseignant m’ont demandé de les présenter aux étudiants vietnamiens puis français. Par delà le rationalisme et le réalisme de notre ‘Renaissance’ occidentale qui a largement dominé la mentalité pendant 4 siècles, je me réjouis de trouver le modernisme dans les expressions philosophiques et religieuses du Moyen Âge, notamment dans les enseignements des moines vietnamiens des X au XIIe siècles
L’usage prudent par les moines de quelques expressions ébauchait une pensée minima, par compassion, qu’à mon avis, il ne faudrait  pas considérer comme un système doctrinal ; et qui de toute façon étaient secondaires par rapport à l’émerveillement de l’intuition immédiate. Il serait vain de discuter d’un enchaînement raisonnable ou scientifique entre elles :

Tâm (le cœur-esprit) 應 ứng (correspond à) 佛性 phật tính (la bouddhéité) ou 真性 Chân tính, 真身 chân thân (vraie nature, corps véritable), 真如 chân như (ce qui est ainsi, ainsité, tel quel) mais non comme les principes organisateurs taoiste 道(đạo) ou confucéen 理 (lý). On ne dira même pas force ni même comme souffle primordial (khí), bien qu’à vrai dire on ne soit pas loin des conceptions taoïstes.


54. Trường Nguyên (1065), texte 53

Dans la lumière comme dans la poussière, mais ni lumière ni poussière,

Le fond de l’esprit est comme une eau limpide, sans interaction avec quoi que ce soit.

C’est la nature spontanée, qui correspond pleinement à toutes les existences.

C’est l’initiatrice des deux principes qui façonnent et ordonnent l’humanité,

Qui constituent les myriades d’existences, qui sont la pulsion printanière de toutes les existences …

* Gửi mình trong ánh sáng, Gửi mình trong bụi trần.

Mà thân không nhuốm bụi, Mà ánh dương chẳng gần.

Tâm can thường trong suốt, Vạn vật chẳng riêng thân.

Với tự nhiên là thể, Ứng vật diệu vô ngần.

Thợ khéo tạo trời đất, Nhào nặn cả nhân luân.

Sinh thành nên tạo vật, Cùng tạo vật trường xuân.

Trần thị Băng Thanh dịch, p. 476


55. Thường Chiếu (1203), texte 31

En ce monde c’est le corps humain [personne] (nhân thân), l’esprit (tâm) c’est le trésor de bouddha

C’est une lumière indéfinissable. Plus on la cherche, plus elle est immense

* Thân, chiếc bóng trên đời, Tâm, kho báu Như Lai.

Không phương nào không sáng, Tìm kiếm bặt tăm hơi.

Nguyễn Huệ Chi dịch, p. 532


56. Évangile de Luc (13/19-21) : A quoi le royaume de Dieu est-il semblable et à quoi le comparerai-je? Il est semblable à un grain de sénévé qu’un homme a pris et a jeté dans son jardin : il a poussé, il est devenu un grand arbre et les oiseaux du ciel ont niché dans ses branches… Il est semblable au levain qu’une femme prit et mélangea dans 3 mesures de farine, jusqu’à ce que le tout eût fermenté 

* Tin lành theo Lu Ca :  … Đức Chúa Jêsus phán rằng : Nước Đức Chúa Trời giống như gì, ta lấy chi mà sánh với ? Nước ấy giống như một hột cải, người kia lấy gieo trong vườn ; nó mọc lên trở nên cây cối, và chim trời làm ổ trên nhành. … Ta sẽ sánh Nước Đức Chúa Trời với gì ? Nước ấy giống như men, người đờn bà kia lấy trộn vào ba đấu bột, cho đến chừng bột dậy cả

[ni la graine ni ses constituants, ni l’arbre qui a poussé, mais mieux : la vie qui continue, non la survie de chaque existence]


Ðại Xả (1180), ci-dessus n° 14 (texte 30)
On constatait bien la succession des saisons, des jours et des nuits, et même on trouve allusion à des périodes cosmiques :
57. Viên Chiếu (1090), texte 50

Un jour [le maître] siégeait devant le temple.

Un moine lui demanda : Quel est le sens de bouddha et sagesse ?



Il répondit : Au pied de la haie à la fête de l’automne, fleurs des chrysanthèmes.

Sur les branches quand l’air s’est radouci, chants des loriots.


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