Dọn đường cho Chúa đến



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COMMENTAIRE

 

Il est magnifique, ce texte ! En même temps, nous avons une impression de déjà vu ! Pas étonnant, puisque, par endroits, il recopie des phrases entières du prophète Isaïe ; on ne sait pas qui était l'auteur du livre de Baruch : c'est sûrement un prophète, vers le deuxième siècle av.J.C. ; on ne connaît pas son nom, mais il avait une admiration sans borne pour Jérémie et il a repris comme nom d'auteur celui du secrétaire de Jérémie, Baruch. Cela se faisait couramment à l'époque. Et prendre le nom de Baruch, c'était surtout une manière de s'inscrire dans la filiation spirituelle de Jérémie, le grand prophète de l'espérance.



Car, à l'époque où notre prophète écrit, la tentation est grande de désespérer : toutes les belles promesses de Dieu, inlassablement répercutées par ses prophètes, s'accompliront-elles un jour ? Au contraire, le fameux "Jour de Dieu" dont parlait Jérémie, le temps de la Nouvelle Alliance, celui du règne de Dieu, c'est-à-dire de la justice et de la paix pour tous et pour toujours semble s'éloigner un peu plus chaque matin.

Alors, pour regonfler les énergies de ses contemporains, l'auteur reprend à son tour les grands oracles d'espérance du livre d'Isaïe. Ce n'est pas du plagiat, c'est une profession de foi dans la validité des promesses. Nous avons rencontré exactement ce phénomène la semaine dernière avec un texte inséré dans le livre de Jérémie, des siècles après sa mort.

Les textes que l'auteur du livre de Baruc a copiés du livre d'Isaïe datent tous de l'Exil à Babylone, et sont empruntés soit au deuxième, soit au troisième Isaïe. Certains concernent la gloire future de Jérusalem, d'autres annoncent le retour des exilés. Commençons par les promesses de retour au pays : pour annoncer que les juifs déportés à Babylone par Nabuchodonosor allaient être bientôt libérés, et prendre le chemin du retour, Isaïe avait raconté que le désert qui sépare Jérusalem de Babylone allait devenir une véritable autoroute : voici les mots d'Isaïe : "Une voix proclame : dans le désert dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient abaissées, que l'éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée ! Alors la gloire du Seigneur sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du Seigneur a parlé." (Is 40, 3 - 4). "De toutes les montagnes je me ferai un chemin, et les chaussées seront pour moi surélevées" (Is 49, 11). Et Baruc reprend en écho : "Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu'Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu."

Autre image : dans le désert, par hypothèse, il n'y a pas de végétation ; pour annoncer le retour, comme un miracle de Dieu, Isaïe disait : "Je mettrai dans le désert le cèdre, l'acacia, le myrte et l'olivier (dit Dieu) ; j'introduirai le cyprès et le buis ensemble, afin que les gens voient et sachent, (afin) qu'ils s'appliquent et saisissent ensemble que la main du Seigneur a fait cela, que le Saint d'Israël l'a créé." (Is 41, 19). Baruc dit à son tour : "Sur l'ordre de Dieu, les forêts et leurs arbres odoriférants donneront à Israël leur ombrage ; car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice." (Cette fois ce sont les talus de l'autoroute qui sont boisés d'arbres odoriférants !)


Quant à la gloire future de Jérusalem, le deuxième Isaïe disait : "Surgis, surgis, revêts-toi de puissance, ô Sion, revêts tes habits de splendeur, Jérusalem, ville de la sainteté." (Is 52, 1). Et nous entendons chaque année pour la fête de l'Epiphanie le fameux "Debout, Jérusalem, resplendis, elle est venue ta lumière et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi" (traduction liturgique) (du troisième Isaïe 60, 1). Ce que Baruc reprend pour ses contemporains : "Debout, Jérusalem ! ... Quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours... Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel..."
Il faut prendre le temps de s'arrêter sur ces phrases inouïes si on veut bien y réfléchir "Revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours" : il s'agit ni plus ni moins de devenir porteurs du rayonnement même de Dieu !

Evidemment, on peut se poser la question : si le livre de Baruc est beaucoup plus tardif que celui d'Isaïe, pourquoi la reprise de toutes ces promesses ? L'Exil à Babylone est fini depuis bien longtemps ! Ce n'est donc plus aux déportés du sixième siècle qu'il promet le retour. Pour qui donc alors reprend-il les thèmes et même les mots des prophètes du passé ? En fait, les "exilés" auxquels il s'adresse sont les Juifs de la Dispersion (ce qu'on appelle la "Diaspora"), toutes ces communautés juives répandues dans le monde gréco-romain, et qui se sentent comme exilées de Jérusalem. Le prophète sait bien que, malgré les vicissitudes de l'histoire, le projet de Dieu sur Jérusalem et sur l'humanité tout entière se réalisera.


Tout comme Isaïe, Baruc prêchait donc dans une période de découragement et de morosité : voilà une belle leçon de foi et d'espérance pour nous : tous les drames de notre temps, quels qu'ils soient, ne doivent pas entamer nos énergies... Au contraire, ils doivent les décupler.

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DEUXIEME DIMANCHE DE L' AVENT - C PSAUME 125 ( 126 )

 

1 Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,


nous êtions comme en rêve !
2 Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.

Alors on disait parmi les nations :


« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
3 Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !

4 Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
5 Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.

6 Il s'en va, il s'en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s'en vient, il s'en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

COMMENTAIRE

 

Ce psaume est précédé du titre « chant des montées », ce qui veut dire qu’il était chanté non pas dans le temple de Jérusalem, au cours des célébrations de la fête des Tentes, mais pendant le trajet même du pèlerinage. La route de Jéricho à Jérusalem monte suffisamment pour justifier cette appellation. Et un pèlerinage, d’autre part, c’est une véritable montée spirituelle. Deux bonnes raisons pour appeler ces chants de pèlerinage, cantiques des montées.



Dans ce psaume, il est beaucoup question de l’Exil à Babylone et du retour d’Exil, à commencer par « Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion », mais c’est au passé : lorsqu’on le chantait, l’Exil à Babylone était bien fini, le Temple reconstruit ; mais alors pourquoi en reparler ? C’est qu’il fallait bien puiser dans cette merveilleuse expérience la force de croire encore aux autres promesses de Dieu. « Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve ! Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie. » Cette joie bien réelle du retour au pays n’est rien auprès de la jubilation qui remplira nos coeurs lors de la grande montée finale à Jérusalem (dans ce psaume Sion, ou Jérusalem, c’est la même chose). Toujours en Israël, quand on rappelle le passé, on a les yeux tournés vers l’avenir. Dieu a déjà accompli des « merveilles » pour son peuple : la libération d’Egypte, d’abord, celle de l’Exil ensuite, mais il en accomplira bien d’autres : car il y a encore bien des captifs à ramener à Sion !

Il y a tous ceux qui sont encore dispersés en terre étrangère, ceux pour lesquels a été écrit le livre de Baruc que nous lisons ce dimanche en première lecture ; mais surtout, il y a tous les captifs du monde : dans les chaînes des dominations de toute sorte, de la violence, de la haine, de l’injustice ou du mépris.

A force de relire les vieux oracles, on a compris qu’ils promettaient beaucoup plus et beaucoup mieux que ce qu’on avait osé croire au début. Oui, Dieu a promis le retour de l’Exil à Babylone, mais on découvre peu à peu que c’est de tous nos exils qu’il promet de nous faire revenir. Parce que la fidélité de Dieu est sans limites, et aussi parce que son amour ne se limite pas à son peuple. Bel exemple de relecture des textes au long des siècles, c’est-à-dire au fur et à mesure que la foi d’Israël mûrit et s’ouvre à une compréhension de plus en plus grande du mystère de Dieu.

C’est Dieu, ce n’est pas l’homme qui a choisi Jérusalem comme point de ralliement pour son peuple. C’est bien pour cela que l’attachement du peuple juif pour Jérusalem est si fort, si passionné : c’est parce que c’est la ville choisie par Dieu lui-même ; car c’est sur un ordre de Dieu, transmis par le prophète Gad que David a construit l’autel du Seigneur sur la colline où se dresse encore l’esplanade du Temple de Jérusalem. Souvent on parle de Jérusalem ou de la colline du Temple en disant « le lieu où Dieu a choisi de faire habiter son Nom ». Et Dieu lui-même parle de Jérusalem en l’appelant « la ville que j’ai choisie ». C’est dire le poids symbolique accumulé sur le nom de Jérusalem au long des générations. Puisqu’elle est le lieu visible de la présence de Dieu, elle est la Ville Sainte par excellence ; la Ville de Dieu lui-même, bien plus que la ville de son peuple !

La foi biblique va continuer à se développer dans le sens d’une ouverture croissante sur l’ensemble de l’humanité : au fur et à mesure qu’on découvre que l’élection d’Israël est au service du salut de l’humanité tout entière, on entrevoit Jérusalem non plus seulement comme la patrie des fils d’Israël, mais comme le point de ralliement ultime de tous les peuples. Isaïe ouvre souvent de telles perspectives ; par exemple : « Les nations vont marcher vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton aurore (traduction TOB « de ton lever »). Porte tes regards sur les alentours et vois... Alors tu verras et tu seras rayonnante, ton coeur frémira et se dilatera, car vers toi sera détournée l’opulence des mers, la fortune des nations viendra jusqu’à toi. Un afflux de chameaux te couvrira, (et là l’auteur cite les nations les plus opulentes du monde connu) de tout jeunes chameaux de Madian et d’Epha ; tous les gens de Saba viendront, ils apporteront de l’or et de l’encens, et se feront les messagers des louanges du Seigneur. Tout le petit bétail de Qédar sera rassemblé pour toi, les béliers de Nébayoth seront pour tes offices ; ils monteront sur mon autel, ils y seront en faveur ; oui, je rendrai splendide la Maison de ma splendeur. Qui sont ceux-là ? Ils volent comme un nuage, comme des colombes vers leur pigeonnier... » (Is 60, 3. 5 - 8). Et encore : « Il arrivera dans l’avenir que la montagne de la Maison du Seigneur sera établie au sommet des montagnes et dominera sur les collines. Toutes les nations y afflueront. Des peuples nombreux se mettront en marche et diront : Venez, montons à la Montagne du Seigneur, à la Maison du Dieu de Jacob... » (Is 2, 2 - 3).

Si bien que quand notre psaume est chanté sur la route qui mène à Jérusalem, on a conscience de se diriger vers le centre de la vie d’Israël, mais aussi vers l’aboutissement du projet de Dieu pour toute l’humanité : car un jour, ce ne seront plus les seuls exilés qui emprunteront cette route, ce ne seront plus les seuls pèlerins d’Israël, ce seront tous les peuples ! Citons encore une fois Isaïe : « Le Seigneur, le tout-puissant, va donner sur cette montagne un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins vieux, de viandes grasses et de vins décantés. Il fera disparaître sur cette montagne le voile tendu sur tous les peuples, l’enduit plaqué sur toutes les nations. » (Is 25, 6 - 7). C’est l’humanité tout entière qui est invitée au banquet de Dieu !



DEUXIEME DIMANCHE DE L' AVENT - C


DEUXIEME LECTURE - Philippiens 1, 4-6. 8-11

Frères,
4 chaque fois que je prie pour vous tous,


c'est toujours avec joie,
5 à cause de ce que vous avez fait pour l'Evangile
en communion avec moi,
depuis le premier jour jusqu'à maintenant.
6 Et puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail,
je suis persuadé qu'il le continuera
jusqu'à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus.
8 Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous
dans la tendresse du Christ Jésus.
9 Et, dans ma prière,
je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus
dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance
10 qui vous feront discerner ce qui est plus important.
Ainsi, dans la droiture,
vous marcherez sans trébucher
vers le jour du Christ ;
11 et vous aurez en plénitude la justice
obtenue grâce à Jésus-Christ
pour la gloire et la louange de Dieu.
COMMENTAIRE

 

Paul a fondé la communauté de Philippes juste avant celle de Thessalonique dont nous parlions la semaine dernière ; mais à Philippes, il a pu rester un peu longuement. Paul était accompagné de Silas et de Luc : celui-ci qui raconte ce voyage dans les Actes des Apôtres, dit « nous avons passé quelque temps dans cette ville. » (Ac 16). Très vite une petite communauté s'est formée autour d'eux ; une certaine Lydie, marchande de pourpre en fit partie, et les hébergea chez elle. Mais Paul accomplit là un miracle qui ne fut pas du goût de tout le monde ; Luc nous le raconte :



Un jour où ils se rendaient au lieu de la prière, ils ont rencontré une jeune servante qui était voyante (à l'époque on disait qu'elle avait un esprit de divination) ; visiblement, par ses dons de voyance et ses prédictions, elle faisait gagner beaucoup d'argent à ses maîtres. Or vous savez que toute forme de voyance, de magie, de divination était strictement interdite par la loi juive.

Mais, à Philippes, bien sûr, on n'est pas en pays juif. Or ce jour-là, la servante-voyante en question s'est lmise à suivre Paul, Silas et Luc en criant : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Très-Haut ; ils vous annoncent la voie du salut ». Et elle recommença le même manège pendant plusieurs jours. A la fin,Paul fut excédé, et Luc raconte : « Paul finit par se retourner et dit à l'esprit : Au nom de Jésus Christ, je te l'ordonne : Sors de cette femme !" A l'instant même l'esprit sortit. »

Mais voilà, si la servante cessait ses activités de voyance, cela ne faisait pas l'affaire de ses maîtres ! Du coup, ils se vengèrent et les dénoncèrent aux autorités romaines sous prétexte qu'ils jetaient le trouble dans la ville et qu'ils portaient atteinte aux bonnes moeurs !

Ensuite de quoi, Paul et Silas furent roués de coups et jetés en prison mais délivrés miraculeusement dès la nuit suivante par un tremblement de terre : leurs juges virent là un signe du ciel et préférèrent les libérer tout en les priant bien poliment de déguerpir.

Les Actes des Apôtres ne reparleront pas de la ville de Philippes ; on ne saura donc plus rien d'elle sinon ce que Paul en dit lui-même dans cette lettre. Il est clair seulement qu'il y a laissé une partie de son coeur : « Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. » Et le mot « tendresse » ici, en grec, devrait être traduit par « les entrailles ». Là encore, une fois de plus, Paul est très proche du vocabulaire hébreu. Notons ici au passage qu'il parle de la tendresse (des entrailles) du Christ Jésus. C'est lui, le Christ Jésus, et non une quelconque sentimentalité qui est la source des relations fraternelles au sein de la communauté chrétienne.

Revenons à notre lettre : on ne sait pas non plus d'où Paul écrit à ses chers Philippiens : il dit qu'il est en prison, mais comme il a été emprisonné plusieurs fois, sûrement à Césarée et à Rome, et peut-être à Ephèse, on ne peut préciser ni le lieu ni la date.

En tout cas, bien qu'en prison, Paul est dans la joie : « Même si mon sang doit être versé en libation dans le sacrifice et le service de votre foi, j’en suis joyeux et m’en réjouis avec vous tous ; de même, vous aussi, soyez joyeux et réjouissez-vous avec moi. » (2, 17 - 18). Et cette joie imprègne toute sa lettre : « chaque fois que je prie pour vous tous, c’est toujours avec joie ».

Et Paul détaille le contenu de sa prière qui est peut-être bien une leçon pour notre propre prière pour ceux que nous aimons : « Dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est le plus important. » Vous avez remarqué : l’amour est premier ; c’est lui qui fait progresser dans la connaissance : « je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie » ; et quand Paul parle de connaissance, il l’entend au sens biblique. D’ailleurs, il n’emploie pas le mot habituel en grec (gnôsis), il invente un terme (epignôsis) qui dit une connaissance d’ordre supérieur à celui de l’intelligence. Il emploiera exactement le même mot dans la première lettre à Timothée : « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4). Et l’on sait bien qu’il faut traduire : « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés c’est-à-dire parviennent à la connaissance de la vérité ».

Quant à la « clairvoyance » dont parle Paul ici, il faut l’entendre elle aussi au sens biblique : il ne s’agit pas de raisonnement intellectuel, mais des yeux du coeur, on pourrait dire les yeux de la foi. Il y a toute une symbolique du regard qui est développée dans la Bible ; cela commence avec Adam dont les yeux sont faussés par les discours du serpent ; et il y a tous les fils d’Adam qui ont des yeux pour voir et ne voient pas, comme disent les prophètes ; mais il y a aussi les fils d’Abraham qui savent « lever les yeux vers le Seigneur », comme dit le psaume, c'est-à-dire l'aimer, l'adorer, lui faire confiance.

Ainsi, les yeux bien ouverts, les croyants marchent sans trébucher vers le jour du Christ ; ici, comme dans la lettre aux Thessaloniciens que nous lisions dimanche dernier, la perspective de Paul, c'est le Jour du Christ. Le Chrétien est l'homme de l'attente... Il attend le Jour du Christ, c'est-à-dire le Jour du triomphe de l'Amour. Toute l'histoire humaine et toute histoire personnelle y puisent leur sens.

Dans cette croissance du monde nouveau qui ne sera plus bâti que sur l'amour, nous avons notre rôle à jouer : car l'oeuvre de Dieu et l'oeuvre de l'homme ne sont pas en concurrence ! Au contraire il s'agit d'unecollaboration.Ce qui revient à dire : nous faisons notre petit possible, Dieu fait le reste.



DEUXIEME DIMANCHE DE L' AVENT - C
EVANGILE - Luc 3, 1-6

 

1 L'an quinze du règne de l'empereur Tibère,


Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode, prince de Galilée,
son frère Philippe, prince du pays d'Iturée et de Traconitide,
Lysanias, prince d'Abilène,
2 les grands prêtres étant Anne et Caïphe,
la parole de Dieu fut adressée dans le désert
à Jean, fils de Zacharie.
3 Il parcourut toute la région du Jourdain ;
il proclamait un baptême de conversion
pour le pardon des péchés,
4 comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe :
A travers le désert, une voix crie :
Préparez le chemin du Seigneur,
aplanissez sa route.
5 Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les routes déformées seront aplaties ;
6 et tout homme verra le salut de Dieu.
COMMENTAIRE

 

Reprenons le texte dans l'ordre : Luc a ses raisons, sûrement, pour se montrer aussi précis, tout d'un coup, sur la date, les lieux, les personnages du décor qu'il est en train de planter. On remarque au passage que ce sont déjà les acteurs du drame de la Passion de Jésus, manière de nous dire entre autres qu'elle se profile déjà à l'horizon.



Il reste que la donnée de date, « l’an 15 du règne de l’empereur romain Tibère » n’est pas très claire pour nous, mais ce n'est pas la faute de Luc : rien n'est plus difficile que de reconstituer les dates de cette époque-là ; en tout cas, à quelques mois près, une chose est sûre, nous sommes ici en 27 ou 28 après J.C.*

Luc présente aussi les personnages politiques, d'abord, les personnages religieux ensuite qui noueront le drame autour de Jean-Baptiste, puis de Jésus. Un gouverneur romain, Pilate, pour la Judée** (c'est-à-dire la région de Jérusalem), des rois issus du pays pour les autres provinces. Pourquoi la Judée a-t-elle un régime à part ? Tout simplement pour que Rome ait directement la mainmise sur cette province particulièrement difficile à gouverner ; et Pilate est réputé pour sa sévérité. Dernière remarque, le roi Hérode dont il est question ici, est Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand ; ce dernier était au pouvoir au moment de la naissance de Jésus, mais au moment de sa vie publique (comme de celle de Jean-Baptiste), c'est Hérode Antipas.

Quant aux lieux, Luc nomme deux provinces juives, la Galilée et la Judée, et trois provinces non-juives, au Nord du pays : l'Iturée, la Traconitide et l'Abilène ; il ne couvre cependant pas toute la région ; mais il ne cherche pas à être exhaustif, il ne nous donne pas un cours de géographie politique ; il veut nous suggérer que le salut qui vient concerne à la fois les Juifs et les païens, ce qui sera une insistance très forte de tout son évangile. On ne s'étonne pas que Luc, l'ancien païen converti, soit particulièrement sensible à l'accès des païens au salut.

Enfin il nomme les autorités religieuses, les grands prêtres, Anne et Caïphe. Dans le texte grec, il dit même « le » grand prêtre, Anne et Caïphe, formule plutôt curieuse ! Il est vrai qu'il n'y avait jamais qu'un seul grand prêtre en exercice. Anne l'a été de l'an 6 à l'an 15 et son gendre Caïphe de l'an 18 à l'an 36 ; mais Anne exerçait une très grande influence sur son gendre et c'est peut-être cela que Luc a voulu noter. Tous les deux, d'ailleurs, exerceront un rôle dans le procès de Jésus (Jn 18, 13).

Continuons le texte : « La parole de Dieu fut adressée à Jean » littéralement « Il y eut une Parole de Dieu sur Jean » ; or c’est exactement la même formule qui est employée dans la Bible grecque (la Septante) pour Jérémie (Jr 11,1) et pour Osée (Os 1,1) ; Luc l’a évidemment fait exprès ; il veut nous présenter d’emblée Jean (celui que nous appelons Jean-Baptiste) comme un authentique prophète. Il avait raconté un peu plus haut dans son évangile, la naissance miraculeuse de Jean, le fils de Zacharie et d’Elisabeth. Jean-Baptiste est donc fils de prêtre, chose banale à l’époque, mais, comme beaucoup de juifs fervents, il a pris ses distances par rapport au Temple de Jérusalem. Et il invite ses frères à le rejoindre au désert pour retrouver la ferveur de Josué et du peuple hébreu traversant le Jourdain. Ce faisant, il accomplit une véritable mission de prophète : « Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». La conversion a toujours été le thème de prédication favori des prophètes. Nous reparlerons plus longuement du baptême de Jean et du baptême chrétien la semaine prochaine à propos des versets suivants de l’évangile de Luc ; pour aujourd’hui, notons seulement que Jésus n’a pas inventé le baptême puisqu’avant lui Jean baptisait déjà !

La prédication de Jean est placée sous le meilleur patronage qui soit : « comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe » ; manière de dire : Jean-Baptiste est un prophète authentique, celui qui vous ouvre les yeux sur l’accomplissement des antiques promesses. Car le grand objectif des écrits du Nouveau Testament est de révéler que Jésus est bien celui qui accomplit le projet de Dieu annoncé dans l’Ancien Testament. Chaque auteur le fait à sa manière avec son génie propre, mais l’objectif est toujours le même. La citation choisie par Luc est tirée du chapitre 40 du livre d'Isaïe***, donc du deuxième Isaïe, le prophète qui prêchait pendant l'Exil à Babylone et annonçait la fidélité de Dieu et le retour au pays.

Soyons clairs : cette annonce d'Isaïe s'adresse d'abord à ses contemporains ; leur premier souci était d'ordre immédiat ; c'est donc un oracle de circonstance ; à des exilés qui risquent bien de se croire abandonnés de Dieu, il annonce : vous allez bientôt prendre le chemin du retour. Il le fait à travers des images extrêmement expressives pour eux : chaque année, pour la grande fête nationale, la fête du dieu Mardouk, les esclaves juifs déportés à Babylone étaient contraints à de véritables travaux forcés ; il fallait tracer une autoroute en plein désert : combler les ravins, raser les collines, redresser les chemins tortueux... tout cela, pénible physiquement et plus encore moralement puisque c'était en l'honneur d'une idole païenne ! Or que vient dire Isaïe ? Désormais c'est la route du Seigneur qui va traverser le désert : traduisez, Dieu prend la tête du cortège de votre retour triomphal au pays.

Jean-Baptiste, relisant la prophétie de son lointain père spirituel, y découvre l'annonce d'un autre chemin de libération : désormais ce ne sont plus seulement les exilés à Babylone, c'est tout homme qui verra le salut de Dieu.

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* Complément sur les problèmes de datation : rien n'est plus difficile que de reconstituer les dates de cette époque-là pour deux raisons ; tout dépend d'abord du jour choisi pour le début de l'année : est-ce octobre ? Est-ce janvier ? De plus, d'un pays à l'autre, on n'avait pas la même manière de compter ; ou encore Luc envisage-t-il la date anniversaire de l'accession de Tibère au pouvoir ? Deuxième raison, il y a eu de nombreux changements de calendrier depuis ! D'où notre incertitude sur l'âge de Jésus, au commencement de sa vie publique : bienheureuse incertitude, peut-être, qui nous pousse à chercher ailleurs ce qui est réellement important.

** En l'an 6, Rome a destitué le roi Archélaüs, (fils d'Hérode le grand et frère d'Hérode Antipas et de Philippe), et ne l'a pas remplacé.

*** Voici le texte d'Isaïe : « Une voix proclame : dans le désert dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées, que l’éperon devienne une plaine et le mamelon une trouée ! Alors la gloire du Seigneur sera dévoilée... » (Is 40, 3 - 5). (On notera que, dans sa citation d’Isaïe, Luc a, certainement intentionnellement, remplacé le mot « gloire » par le mot « salut » : « tout homme verra le salut de Dieu ». Pour lui, clairement, la gloire de Dieu, c'est le salut du monde, ce que notre liturgie eucharistique affirme au moment de la prière sur les offrandes.

 


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